par Sue-Lin Wong
PEKIN (Reuters) - L'inflation mesurée par les prix de détail s'est légèrement tendue en novembre en Chine mais elle reste bien en deçà de l'objectif de 3% du gouvernement pour cette année, au risque d'entraîner le pays dans une situation de déflation à la japonaise.
De fait, il est peu probable que cette inflation s'accélère bientôt dans un contexte de ralentissement de la croissance locale, de surcapacités et de demande affaiblie, et enfin de chute des prix de l'énergie et des matières premières, expliquent les économistes.
Certains d'entre eux réclament plus de stimulants monétaires pour relancer la croissance et l'inflation même si l'indice des prix de détail (CPI) a augmenté de 1,5% annuellement en novembre contre +1,3% en octobre et +1,4% attendu. Sur une base mensuelle, les prix de détail n'ont pas varié, après avoir fléchi de 0,3% en octobre. Ils étaient attendus en baisse de 0,1% en novembre.
"Etant donné que la confiance des entreprises est déjà au plus bas depuis six ans, une déflation persistante fait aussi courir à l'économie le risque d'une spirale déclinante", disent des économistes de HSBC. "De nouvelles et énergiques mesures d'assouplissement monétaire sont la clé d'une stabilisation de la croissance dans les mois qui viennent".
Les statistiques publiées mercredi par le Bureau national de la statistique ont également montré que la déflation touchait pareillement les prix à la production, dont l'indice (PPI) a chuté de 5,9% en novembre, par rapport à novembre 2014, ce qui a été conforme aux attentes. C'est le 45e mois de contraction de cet indice d'affilée.
Si la déflation du PPI affecte les entreprises, c'est surtout celle du CPI qui inquiète des économistes redoutant déjà pour la Chine une "décennie perdue" à la japonaise.
"La Chine est entrée en période de déflation", écrivent Liu Li-Gang et Louis Lam, des économistes d'ANZ. "Ce qui est encore plus préoccupant, c'est que le déflateur du PIB, une mesure plus large des variations de prix dans l'économie, a fléchi de 0,7% annuellement au troisième trimestre, ce qui indique que la Chine se retrouve en situation de déflation".
Le confiance du consommateur chinois n'est pas meilleure que celle des entreprises, un risque majeur pour les autorités chinoises mais aussi pour les entreprises étrangères qui ont investi massivement sur l'hypothèse que les dépenses de consommation locale compenseraient une demande atone ailleurs.
Le secteur industriel chinois stagne depuis plus de trois ans, provoquant une baisse continue des prix de gros pour une kyrielle de PME qui tentent désespérément de surnager.
La balance commerciale de novembre, parue mardi, et l'indice officiel des directeurs d'achats (PMI) attestent eux aussi d'une économie qui pâtine au point que le ministère des Finances a dit mercredi qu'il y aurait une révision des taxes à l'exportation et à l'importation de certains produits pour promouvoir le développement économique.
La Banque populaire de Chine (BPC) a déjà réduit les taux par six fois depuis novembre dernier et abaissé également le ratio des réserves obligatoires. Pékin a par ailleurs assoupli le régime des acquisitions immobilières pour doper un marché en sommeil et tente de relancer les grands travaux.
La croissance a été de 6,9% au troisième trimestre, selon les statistiques officielles, se retrouvant au-dessous des 7% pour la première fois depuis la crise financière mondiale.
(Avec Pete Sweeney, Wilfrid Exbrayat pour le service français)