par Cyril Altmeyer
PARIS (Reuters) - ATR, constructeur d'avions de 50 à 90 places, a annoncé jeudi qu'il n'atteindrait pas son rythme de croisière d'une centaine de livraisons par an en 2016 comme prévu, se donnant deux ans supplémentaires pour y parvenir.
Le spécialiste d'avions régionaux à hélices, dont le principal argument de vente est leur faible consommation en carburant, a également manqué son objectif de commandes pour 2015 sous le coup de la baisse des prix du brut.
La coentreprise à parité entre Airbus Group (PA:AIR) et l'italien Finmeccanica vise une centaine des commandes fermes en 2016 contre 76 l'an passé, loin de son record de 160 avions inscrit en 2014 lorsque le prix du pétrole était beaucoup plus élevé, a déclaré son président exécutif Patrick de Castelbajac lors d'une conférence de presse.
ATR compte livrer plus de 90 avions cette année contre 88 avions en 2015 et non plus une centaine, comme il le prévoyait l'an passé.
"C'est plus raisonnable de dire aujourd'hui qu'on va essayer de réduire un peu la voilure, de laisser passer un peu la bourrasque au Brésil et en Asie pour ensuite avancer", a expliqué Patrick de Castelbajac à Reuters à l'issue de la conférence de presse.
"Il faudra plutôt attendre 2018 pour arriver là", au rythme annuel de 100 livraisons, a-t-il ajouté. "Mais cela dépend du marché : si l'Inde explose, si la Chine ou les Etats-Unis s'ouvrent, on serait obligé de remonter".
ATR compte ainsi s'imposer aux Etats-Unis - en faisant accepter l'idée que les turbopropulseurs ne sont pas des avions d'antan - et est attentif à l'ouverture du marché en Iran, a précisé Patrick de Castelbajac lors de la conférence de presse.
Mais pour ne rien arranger, ATR souffre de retards de "quelques semaines", qui devraient toutefois être résorbés d'ici quelques mois.
DES FOURNISSEURS À LA PEINE
Certains fournisseurs d'ATR, dimensionnés pour la production de 50 avions par an, souffrent quand les cadences passent à 90, a expliqué Patrick de Castelbajac.
"C'est difficile pour eux, plus Airbus qui vient se greffer, c'est un facteur limitant", a-t-il ajouté, faisant référence aux propres montées en cadence de l'avionneur européen, installé tout près d'ATR en région toulousaine.
Mais le ralentissement des livraisons vient aussi du fait que certains clients, domiciliés dans des pays dont la monnaie s'est effondrée face au dollar, ont désormais du mal à trouver des financements pour des avions soudain devenus plus chers pour eux, a poursuivi Patrick de Castelbajac.
ATR a cependant atteint comme prévu en 2015 la barre symbolique des deux milliards de dollars de chiffre d'affaires, contre 1,8 milliard en 2014.
Son carnet de commandes s'élève à 260 avions, d'une valeur totale estimé à 6,6 milliards de dollars, contre un record de 280 avions l'année précédente.
En plus de ses commandes fermes, ATR a enregistré l'an passé 81 options, soit un total de 157 avions.
Le président exécutif d'ATR a également reconnu qu'il n'avait toujours pas réussi à convaincre ses deux actionnaires de le soutenir dans la production d'un avion pouvant transporter plus de 90 passagers.
Ce projet, toujours étudié, est désormais prévu pour le "moyen, long terme", a-t-il ajouté.
Airbus Group a indiqué en 2015 qu'il comptait discuter cette année avec Finmeccanica de leurs activités communes, notamment d'ATR, qui n'est plus considéré comme un actif clé.
(Cyril Altmeyer, édité par Jean-Michel Bélot)