par Matthieu Protard
PARIS (Reuters) - Mediawan a l'ambition de devenir l'un des plus grands groupes de médias et de contenus en Europe, a déclaré mardi à Reuters Pierre-Antoine Capton à l'occasion du coup d'envoi de l'introduction en Bourse de la société qu'il a fondée avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse.
Avec cette mise sur le marché, Pierre-Antoine Capton, fondateur de la société de production Troisième Oeil Productions, Xavier Niel, fondateur d'Iliad, et Matthieu Pigasse, directeur général de Lazard en France, espèrent lever 250 millions d'euros, avec la possibilité d'aller jusqu'à 300 millions, afin de procéder à des acquisitions dans le secteur des médias et des contenus en Europe.
Ensemble, ils investiront entre six et sept millions d'euros dans Mediawan, dont ils détiendront à parts égales 20% du capital. Les 80% restants seront proposés à des investisseurs institutionnels, moyennant un investissement minimum d'un million d'euros.
"Notre ambition est de créer ensemble l'une des plus grandes plates-formes de médias et de contenus en Europe", a expliqué lors d'une interview à Reuters Pierre-Antoine Capton, nommé président du directoire de Mediawan.
"Forts de nos expériences respectives et dans un monde des médias en pleine consolidation, nous nous sommes dit que c’était le bon moment de nous lancer ensemble pour faire ce que nous savons faire à plus grande échelle."
Xavier Niel et Matthieu Pigasse seront membres du conseil de surveillance de Mediawan, dont le président sera l'homme d'affaires Pierre Bergé.
PAS D'ACTIFS APPORTÉS
Bien que les trois hommes soient déjà présents dans les médias et les contenus, aucun de leurs actifs, qu'il s'agisse par exemple du quotidien Le Monde, de l'hebdomadaire Les Inrockuptibles ou de Troisième Oeil Productions, ne sera apporté à Mediawan.
"L'idée est de créer de la valeur à travers de nouvelles marques et à travers des contenus", souligne Pierre-Antoine Capton. "L'idée n'est surtout pas d'apporter les actifs que chacun détient aujourd'hui."
Mediawan, qui a opté pour la forme juridique du "special purpose acquisition company" (Spac), souhaite réaliser sa première acquisition sous deux ans et aura la capacité de viser des cibles d'une valeur pouvant aller jusqu'à un milliard et demi d'euros.
"Pour le moment, nous avons identifié des cibles potentielles mais aucune discussion ne sera engagée avant le 22 avril (date prévue pour la première cotation, NDLR)", fait savoir Pierre-Antoine Capton.
"L'idée est d'être dans le contenu et pourquoi pas dans la distribution (de contenus, NDLR)", poursuit le président du directoire de Mediawan. "On ne s'interdit rien à ce stade. La presse écrite n'est toutefois pas une priorité pour le moment."
PREMIER 'SPAC' EN FRANCE
Les banques Deutsche Bank (DE:DBKGn) et JPMorgan, en tant que coordinateurs globaux, et Société générale, en tant que teneur de livres associé, ont été mandatées pour mener la mise en Bourse (IPO) de Mediawan, dont la première cotation est prévue le 22 avril.
Si le projet d'IPO aboutit, Mediawan sera le premier 'Spac' coté en France.
Un 'Spac' est une structure cotée en Bourse dans le but unique de faire des acquisitions. Et à la différence d'une introduction en Bourse classique, les fonds levés ne sont pas attribués à un projet précis comme le remboursement de dettes ou le financement d'une stratégie spécifique.
Les capitaux levés sont conservés sous forme de trésor de guerre pour financer ultérieurement des acquisitions.
Les Spac sont apparus outre-Atlantique dans les années 1990 mais n'ont fait leur apparition en Europe qu'à partir du milieu des années 2000.
(Edité par Dominique Rodriguez) OLFRBUS Reuters France Online Report Business News 20160412T124553+0000