PARIS (Reuters) - La France veut convaincre ses partenaires du G7 d'engager à la fin du mois un processus pour limiter le prix des médicaments innovants afin de permettre au plus grand nombre de personnes d'y avoir accès, apprend-on dans l'entourage de la présidence.
François Hollande souhaite que les chefs d'Etat et de gouvernement des sept pays les plus riches du monde chargent leurs ministres de la Santé de commencer à travailler avec l'industrie pharmaceutique et les autres acteurs de la santé, lors du sommet du G7 des 26 et 27 mai.
Bâtir un tel système prendra vraisemblablement des années, souligne-t-on à Paris. Mais "il faut initier ce processus et de manière résolue, le président souhaite le rendre irréversible", explique-t-on dans l'entourage de François Hollande.
Dans un numéro spécial du journal médical The Lancet sur la France publié lundi, le président français déclare: "la France veut lutter contre le prix prohibitif de certains nouveaux médicaments tout en favorisant l'innovation."
"Pour la première fois cette année, une réunion des ministres de la Santé des sept pays les plus riches de la planète devrait amorcer un dialogue et une coordination entre autorités de régulation, industrie pharmaceutique et patients", ajoute-t-il.
Les ministres de la Santé du G7 se réuniront les 11 et 12 septembre à Kobe (Japon).
Selon l'entourage du président français, "les discussions avancent de manière plutôt positive".
De source diplomatique française, on estime qu'un consensus est en train d'émerger entre les grands pays, même s'il n'est pas facile de dépasser des logiques d'intérêts individuelles.
"C'est un sujet sur lequel le maître mot, c'est 'dialogue'; nous sommes sur des sujets éminemment sensibles", dit-on à l'Elysée.
"Les gouvernements ont conscience du fait qu'on ne peut pas continuer comme cela sans compromettre soit l'accès universel aux traitements innovants, soit la soutenabilité financière des systèmes de santé" et, de l'autre côté, "les industriels reconnaissent que la rentabilisation de thérapies très ciblées et individualisées est un défi pour l'avenir", ajoute-t-on.
Ces sources disent ne pas avoir de solution toute faite et insistent sur la nécessité de préserver la capacité d'innovation des groupes pharmaceutiques.
Les intérêts des Etats, des malades et de ces entreprises ne sont pas divergents, ajoutent-elles, notamment parce que les "blockbusters", les médicaments stars, cèdent de plus en plus la place à des thérapies davantage ciblées et personnalisées, dont l'équilibre économique est beaucoup plus complexe.
Déjà, des systèmes de santé publics ou privés refusent de payer des prix devenus considérables ou décident de ne pas rembourser ces traitements.
Le cas du cancer pourrait être cité comme exemple par le G7.
(Jean-Baptiste Vey et Matthias Blamont, édité par Yves Clarisse)