par George Georgiopoulos et Renee Maltezou
ATHENES (Reuters) - Le Parlement grec a adopté tard dimanche soir des réformes contestées de la fiscalité et des retraites réclamées par les créanciers internationaux, à la veille d'une réunion des ministres des finances de la zone euro.
Ces mesures, nécessaires au déblocage d'une nouvelle tranche d'aide dans le cadre du plan de sauvetage financier négocié l'été dernier par le Premier ministre Alexis Tsipras avec ses partenaires européens, visent à garantir que le budget grec dégagera un excédent primaire (hors service de la dette) de 3,5% du PIB en 2018.
Cet objectif négocié avec les créanciers doit permettre le retour de la Grèce sur le marché de la dette et rendre son endettement viable.
Mais ce nouveau train de réformes, qui s'ajoute à six années de politique d'austérité, est rejeté par les syndicats, qui avaient appelé à manifester dimanche devant le Parlement. Dans la soirée, des échauffourées ont éclaté. La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour repousser des manifestants.
Les ministres des Finances des 19 pays de la zone euro se retrouvent ce lundi à Bruxelles pour évaluer les nouvelles mesures prises par Athènes avec la clef le possible déblocage d'une nouvelle tranche aide. Plusieurs personnalités, dont la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, ont appelé à une discussion sur un éventuel allègement de la dette grecque.
"NOTRE MONDE EST UN CONTRAT"
Aucune voix n'a fait défaut dimanche soir à la coalition gouvernementale, qui ne compte trois voix de majorité. Mais le débat parlementaire a souligné l'ampleur de la contestation.
"M. Le Premier ministre, vous avez promis l'espoir et vous l'avez transformé en désespoir", a lancé Fofi Gennimata, chef de file du Pasok, le Parti socialiste grec. A droite, Kyriakos Mitsotakis, le chef du parti conservateur Nouvelle démocratie, a affirmé que ces mesures seraient "le tombeau des perspectives de croissance" de l'économie nationale.
Les réformes votées dimanche soir sont censées dégager des économies à hauteur de 3% du PIB. Elles prévoient une augmentation de l'imposition des hauts revenus et revoient le montant des retraites, avec création d'une pension nationale de 384 euros par mois après vingt ans de cotisation, retrait progressif d'une allocation versée aux petites retraites et modification du calcul des pensions.
"Notre monde est un contrat", a répondu le ministre des Finances, Euclide Tsakalotos. "Nous avons fait ce que nous avions promis, dorénavant, le FMI et l'Allemagne doivent fournir une solution qui soit faisable, une solution pour la dette qui ouvrirait un horizon clair pour les investisseurs", a-t-il ajouté.
Car Athènes veut désormais que s'engage le débat sur un allègement de sa dette.
Après Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui a appelé à mener des discussions sur un allégement de la dette grecque en même temps que celles sur les réformes entreprises par Athènes, le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, a réclamé à son tour ce week-end que les Etats membres de la zone euro entament des négociations sur un allègement de la dette grecque.
"Chacun sait qu'un allègement de la dette interviendra à un moment ou à un autre. Essayer de se dérober encore et encore n'a pas de sens", a ajouté le vice-chancelier allemand.
Mais cette position n'est pas partagée par son collègue des Finances, Wolfgang Schäuble, qui juge un allègement inutile.
(Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français)