PARIS (Reuters) - Bernard Cazeneuve a réitéré mardi son souhait de limiter la mobilisation de jeudi contre la loi Travail à un simple rassemblement statique à Paris, une proposition rejetée par les sept syndicats hostiles à la réforme.
Le ministre de l'Intérieur a invoqué une nouvelle fois les risques de violences et l'extrême "fatigue" des forces de l'ordre sollicitées simultanément par les mouvements sociaux, l'Euro de football et la menace terroriste.
"Je ne cherche pas à interdire les manifestations, je fais une proposition responsable", a-t-il dit, précisant que les syndicats devaient être reçus en fin de matinée par le préfet de police de Paris.
Bernard Cazeneuve, selon qui le "niveau de menace est extrêmement élevé", a rappelé que plus de 500 policiers avaient été blessés depuis le début du mouvement en mars dernier.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a accusé mercredi dernier la CGT ne pas avoir su assurer le bon déroulement de la manifestation du 14 juin, dénonçant l'"attitude ambiguë" du service d'ordre du syndicat à l'égard des casseurs.
Dans leur réponse à Bernard Cazeneuve, les syndicats réunis autour de la CGT et de FO ont réfuté les accusations de l'exécutif et renouvelé leur appel à deux nouvelles journées de mobilisation, jeudi et le 28 juin.
ALLIANCE SOUHAITE UN REPORT
Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, manifestera jeudi à Bordeaux, a annoncé le syndicat.
Le syndicat de policiers Alliance a demandé pour sa part un report de la manifestation prévue jeudi à Paris, alors que SGP-FO a manifesté des réserves sur l'attitude des autorités.
"Je ne dis pas qu'il faut interdire cette manifestation, il faut simplement la reporter", a déclaré sur iTELE Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance, premier syndicat de la profession.
Le représentant syndical souhaite que les organisateurs du rassemblement trouvent un accord avec la préfecture de police afin d'envisager un report, "le temps que les effectifs (de policiers) puissent retrouver de la ressource".
"Aujourd'hui nous sommes totalement épuisés et nous sommes totalement concentrés sur d'autres missions bien plus importantes au regard de la sécurité des citoyens", a-t-il ajouté.
Nicolas Comte, porte-parole de SGP-FO, deuxième organisation de la profession, s'est montré plus critique à l'égard de l'attitude du gouvernement.
"On n'a pas toujours mis les moyens qu'il fallait pour empêcher les casseurs d'agir, ce serait paradoxal d'aller taper sur des syndicalistes qui manifestent pour leurs idées", a-t-il déclaré sur France Inter en évoquant des "prétextes politiques" pour contenir la contestation.
"Il faudra voir si la préfecture de police décide d'utiliser plus de forces et des moyens plus lourds pour interdire la manifestation d'organisations syndicales qu'elle n'en a utilisé pour empêcher les casseurs de sévir", a-t-il dit.
D'autres syndicats de police comme Synergie officiers ont critiqué la gestion du maintien de l'ordre, évoquant un manque de réaction ou des atermoiements face aux casseurs.
(Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)