Muhammad Yunus a fait appel mercredi auprès de la Cour suprême du Bangladesh de son renvoi de la Grameen Bank, l'établissement spécialisé dans le micro-crédit qu'il a créé et qui lui a valu le Nobel de la Paix.
M. Yunus, appelé "le banquier des pauvres", a également demandé à la Cour de suspendre, avec effet immédiat, la décision de la banque centrale du Bangladesh l'obligeant à abandonner ses fonctions de directeur général de la Grameen Bank.
"Nous avons fait appel auprès de la Cour suprême (...) pour remettre en cause l'ordre de la banque centrale de lui retirer ses fonctions", a déclaré Tanim Hussain Shawon, l'un des avocats de M. Yunus.
L'audience a été programmée pour le 15 mars et "l'ensemble des juges d'appel de la Cour suprême, menés par le juge principal, seront présents", a ajouté l'avocat.
Mardi, un premier recours devant la Haute Cour du Bangladesh a échoué.
La Haute Cour a estimé, dans sa décision, que Muhammad Yunus était resté à son poste "sans base légale". "En conséquence, sa requête (contre son renvoi) a été rejeté", a indiqué l'un des juges.
Le prix Nobel de la Paix 2006, âgé de 70 ans, a créé la Grameen Bank en 1983.
Son limogeage remonte à mercredi dernier. La banque centrale lui a reproché d'avoir omis d'obtenir une autorisation en bonne et due forme lors de sa reconduction en 1999 à la direction générale de la Grameen Bank.
Mais selon M. Yunus, le motif de ce limogeage est mensonger car l'Etat a trois représentants au conseil d'administration et 25% des parts de Grameen Bank, et que, donc, "il n'y a rien que nous ne puissions faire sans que le gouvernement ne soit au courant".
Interrogé sur les raisons pour lesquelles on voudrait, selon lui, l'évincer, M. Yunus a prêté au pouvoir l'intention de prendre le contrôle de la Grameen Bank.
Selon ses partisans, ses ennuis ont commencé en 2007 lorsqu'il a émis l'idée de créer son propre parti politique, dénonçant une classe dirigeante intéressée par "l'argent et le pouvoir". M. Yunus y avait renoncé au bout de quelques mois.
Le Premier ministre Sheikh Hasina, qui accuse l'organisation de micro-crédit de "sucer le sang des pauvres", s'était alors pour la première fois opposée à lui.
La Grameen Bank, qui emploie 24.000 personnes, fournit du crédit à 8 millions de personnes pauvres, dont la grande majorité sont des femmes dans des villages à la campagne.