La quasi-totalité de la production pétrolière du Gabon, 4e producteur sub-saharien, était stoppée samedi, au deuxième jour de la grève des employés du secteur, alors qu'à Libreville et Port-Gentil, les stations ne disposaient plus de carburant.
Aucun hydrocarbure ne sortait plus de l'unique raffinerie du pays, la Sogara à Port-Gentil, la capitale pétrolière.
L'Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), qui regroupe 4.000 des 5.000 salariés du secteur et dont les mouvements sont généralement très suivis, a mené des négociations dans les bureaux du Premier ministre Paul Biyoghe Mba samedi.
Arnauld Engandji, porte-parole de l'Onep, a annoncé en milieu d'après midi, à l'issue de cette rencontre, que le mouvement allait se poursuivre dimanche même si les représentants syndicaux vont "à nouveau consulter leurs bases samedi en soirée". Une nouvelle rencontre est prévue dimanche.
L'Onep a lancé une grève jeudi à minuit afin d'obtenir un décret réglementant l'emploi de la main d'oeuvre étrangère. L'Onep entend à la fois lutter contre l'emploi de hauts cadres expatriés et surtout contre le recours à une main d'oeuvre africaine ou asiatique qu'elle estime peu ou pas qualifiée.
"Gamba et Port-Lopez sont à l'arrêt. Ce sont les deux uniques voies de sortie de pétrole du pays. Toutes les compagnies ou presque passent par l'un des deux terminaux", a précisé M. Engandji.
Seule la compagnie Perenco qui utilise des plateformes off-shore non reliées aux terminaux de Gamba et Port-Lopez est susceptible de continuer à exploiter les gisements, selon une source syndicale.
"La production de Shell est complètement arrêtée", a affirmé une source de la compagnie à l'AFP. Vendredi, une source proche de Total avait confirmé que "la quasi-totalité de la production de Total était stoppée" et que "les autres compagnies devraient suivre".
Total et Shell sont de loin les deux premiers producteurs de pétrole, principale richesse du Gabon, qui en produit entre 220.000 et 240.000 barils par jour. Officiellement, ses recettes assurent à l'Etat environ 60% de son budget.
A Libreville et à Port-Gentil, la plupart des stations essence ne disposaient plus de carburant. "Il n'y a plus rien. Plus d'essence, plus de gasoil", affirme Terence, un pompiste du quartier Rénovation au centre de Libreville.
Concernant les négociations, M. Engandji a déclaré que l'Onep attendait toujours un décret gouvernement réglementant l'emploi de la main d'oeuvre. "Nous avons donné notre position, a-t-il dit, nous comprenons que le chef de l'Etat a donné sa direction. Maintenant, c'est au gouvernement de nous faire des propositions".
Dans un communiqué publié dans la presse samedi, le gouvernement a fixé à lundi la "large concertation" demandée par le président gabonais Ali Bongo Ondimba entre la ministre du Travail et de l'Emploi Angélique Ngoma et les centrales syndicales sur le sujet de la main d'oeuvre étrangère notamment.
"Tout en reconnaissant la justesse et la pertinence des revendications formulées par l'Onep, plusieurs réunions de concertation ont eu lieu (...) en vue d'aboutir à des actions concertées", ajoute le texte.
Selon le communiqué, le Premier ministre M. Biyoghe Mba devait également rencontrer les représentants des compagnies pétrolière samedi.
"Il n'y a pas que les textes. Il y a l'application des textes. Si le gouvernement montre une volonté de rupture avec les pratiques du passé, il peut y avoir un accord", avait dit vendredi Hans Landry Ivala, secrétaire général adjoint de l'Onep.