Confronté à la flambée des prix de l'énergie, le gouvernement a annoncé mardi un gel des prix du gaz jusqu'à l'élection présidentielle, accompagné d'un plafonnement de la hausse des prix de l'électricité et de déductions fiscales pour les automobilistes.
"Le gaz ne bougera pas. Le gouvernement a décidé de geler l'augmentation du gaz au moins pour l'année qui vient. C'est un geste important", a déclaré François Baroin, porte-parole du gouvernement et ministre du Budget, sur France 2.
Un peu plus tôt, Matignon venait d'annoncer une série de mesures afin d'atténuer l'impact des prix énergétiques sur le pouvoir d'achat des ménages, un sujet extrêmement sensible à 13 mois de la présidentielle.
Depuis un an, les prix de l'énergie ont flambé de 15%, dans le sillage de la hausse des prix du pétrole brut, selon l'Insee. Les tarifs du gaz naturel ont en particulier augmenté de plus de 20% en un an et de 60% depuis 2005. Avec le mode de calcul actuellement en vigueur, ils risquaient d'augmenter de nouveau de 7,5% au 1er juillet. "Le Premier ministre a décidé que l'augmentation du prix du gaz qui aurait dû intervenir au 1er juillet (...) n'aura pas lieu", a annoncé Matignon dans un communiqué.
Les ministres de l'Economie Christine Lagarde et de l'Energie Eric Besson seront chargés d'élaborer "une nouvelle formule tarifaire" et de revoir le contrat de service public qui lie GDF Suez à l'Etat, "afin de le rendre plus favorable au consommateur final".
GDF Suez est "prêt à travailler avec le gouvernement et la CRE (Commission de régulation de l'énergie) à une solution permettant de revoir les mécanismes de fixation des prix et leur tient ses livres ouverts", a indiqué à l'AFP un porte-parole du groupe.
"On ne peut que se réjouir qu'il n'y ait pas de hausse de prix au 1er juillet. Seulement, ça arrive un peu tard, c'est au 1er avril que cette décision aurait dû être prise", a réagi de son côté Caroline Keller, de l'association UFC Que Choisir.
Le gouvernement entend aussi limiter à 2,9% la hausse des prix de l'électricité jusqu'à l'élection présidentielle.
Au cours de l'année écoulée, la facture d'électricité a augmenté de 6,4%. Cette fois, le gouvernement entend procéder à une seule hausse de 2,9% au 1er juillet 2011.
Enfin, le Premier ministre François Fillon a demandé à François Baroin de faire procéder à une revalorisation "de 4,6%" du "barème forfaitaire kilométrique applicable pour l'imposition des revenus de l'année 2010 par rapport au niveau retenu en 2009".
Cette mesure "sera financée par une contribution spéciale des compagnies pétrolières que les ministres définiront avec elles lors de la table ronde prévue dans les prochains jours", précise Matignon.
"C'est une goutte d'eau", estime Caroline Keller, qui remarque que cette mesure ne s'appliquera qu'à la moitié des ménages soumis à l'impôt sur le revenu, et donc "pas aux plus modestes".
Ces mesures interviennent en plein débat sur la laïcité et l'islam, alors que des voix se font entendre au sein de la majorité pour demander un rééquilibrage des priorités au profit des questions économiques et sociales.
Le gouvernement ne pourra cependant pas échapper à une nouvelle polémique sur les prix de l'électricité: il doit en effet fixer ce mois-ci le prix de gros de l'électricité nucléaire qu'EDF vendra à ses concurrents en vertu de la loi sur la Nouvelle organisation du marché de l'électricité (Nome).
La fixation de ce prix de gros, qui pourrait être jusqu'à 30% plus élevé que le prix actuellement payé par les ménages, n'aura pas d'impact immédiat sur la facture des particuliers. Mais, selon la loi Nome, les tarifs devront évoluer en conséquence d'ici à 2015.
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