par Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - Manuel de sabotage, fausses moustaches, chaussures à talons creux ou encore machine de cryptage : l'exposition "Guerres secrètes", qui s'ouvre à Paris, lève le voile sur la figure souvent fantasmée des agents secrets et du monde du renseignement, en première ligne face à la menace terroriste.
Dans un contexte diplomatique international aux relents de Guerre Froide, cette exposition revient sur le recrutement, la formation et les moyens mis à disposition des grandes figures de l'espionnage qui ont jalonné l'Histoire depuis le Second Empire jusqu'à la chute de l'Union soviétique en 1991.
"L'exposition présente des modes d'actions qui sont à la disposition du politique et du militaire en temps de paix et en temps de guerre", souligne Christophe Bertrand, conservateur du département contemporain du Musée de l'armée.
"En temps de paix pour défendre ses intérêts là où la diplomatie est inefficace et où l'intervention militaire armée forte est impensable et en temps de guerre avec les guerres qui sont menées pour déstabiliser désorganiser l'ennemi avant l'engagement majeur des forces", ajoute-t-il.
Dans la galerie de portraits des agents les plus célèbres, on retrouve Lawrence d'Arabie, le Soviétique Vladimir Vétrov, connu sous le nom de code "Farewell".
L'exposition mêle documents et objets d'archives souvent insolites, à l'image du rouge à lèvres "baiser de la mort" dissimulant un pistolet ou le "parapluie bulgare" - dont la pointe permet d'injecter du poison - inventé par le KGB et utilisé par les services bulgares contre l'écrivain dissident Georgi Markov en 1978.
"PLACE CROISSANTE DU RENSEIGNEMENT"
Un modèle réduit de l'Aston Martin de l'agent 007 côtoie une machine Enigma, qui permettait le cryptage des messages et était utilisée par les Allemands lors de la Seconde Guerre Mondiale, et le panneau de "la société cairote d'élevage de poulets" tirée du film "OSS 117 Le Caire, nid d'espions".
"La place du renseignement est devenu croissante dans les sociétés des pays occidentaux, dans notre société notamment, dans le débat politique également avec le vote de la loi sur le renseignement", souligne David Guillet, directeur adjoint au musée de l'armée.
Adoptée six mois après les attentats de janvier 2015, cette loi renforce les prérogatives et moyens des services de renseignement en matière de surveillance. Les détracteurs du texte l'accusent de porter atteinte aux libertés individuelles.
"Les services de renseignement sont pleinement engagés pour prévenir ou entraver des menaces immédiates mais aussi mener des travaux d'analyses indispensables à l'anticipation des menaces futures ou à la prévention de crises majeures qui se dessinent à moyen ou à long terme", a déclaré Jean-Yves Le Drian lors de l'inauguration de l'exposition.
"Le premier enjeu pour nos services aujourd'hui, c'est la lutte contre le terrorisme militarisé d'inspiration djihadiste à l'étranger comme sur notre territoire", a ajouté le ministre de la Défense.
(avec Julien Hennequin, édité par Yves Clarisse)