Airbus dévoile mardi à ses employés les suppressions de postes qu'entraînera l'an prochain sa restructuration, les syndicats les évaluant à plus de 1.300 en France et en Allemagne, de quoi faire craindre des licenciements secs.
Le comité européen de groupe s'est ouvert vers 10H00 (09H00 GMT) à Blagnac, dans la banlieue de Toulouse, et devrait se dérouler jusqu'à 12H30, afin de détailler le programme de suppressions ou de transferts de postes sur l'ensemble du groupe.
Les syndicats dénoncent une "logique financière" qui pousse un groupe à la tête d'un carnet de commandes record de près de 1.000 milliards d'euros, soit 8 à 10 ans de production, à supprimer plus de 1.000 postes.
La direction rétorque qu'elle se doit de poursuivre la réduction de ses coûts, dans un contexte de concurrence exacerbée avec son rival américain Boeing (NYSE:BA) et la venue sur le marché d'avionneurs chinois aux dents longues.
C'est "uniquement un plan social de confort, pour générer du cash et de la trésorerie", dénonce un représentant syndical sur le site Airbus de Suresnes, dans la banlieue parisienne, qui devrait fermer.
Cette fermeture totale ou partielle de l'unité de recherche francilienne, implantée à l'endroit des ex-usines Blériot Aéronautique, serait "profondément injuste", ajoute le syndicaliste qui souhaite rester anonyme. C'est "une délocalisation absolument pas voulue" pour les "650 familles" qui devraient déménager.
Selon la CFE-CGC, deuxième syndicat au sein du groupe, "1.357 postes seront soit supprimés soit transférés, sur un total de 10.000 emplois" dans les services affectés.
"On pense que la plupart de ces 1.357 postes seront en fait supprimés", avait indiqué à l'AFP Thierry Préfol, coordinateur adjoint de la CFE-CGC pour Airbus Group (PA:AIR), jeudi soir, à l'issue du dernier comité de branche.
Ce chiffre fait craindre aux syndicats des licenciements secs, ce qui serait une première dans l'histoire du groupe européen. Airbus emploie près de 140.000 personnes dans le monde, et 54.000 en France.
- Les syndicats 'inquiets' -
Interrogé sur la possibilité de licenciements secs, le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier, a assuré jeudi que le groupe avait "une tradition de dialogue social qui a toujours permis, normalement, de trouver de bonnes solutions comme avec Power 8", un plan de suppression de 7.900 postes, lancé en 2007, et qui s'est fait sans aucun licenciement.
Les éventuels licenciements secs ne devraient pas être annoncés dès ce mardi, le comité de ce jour se limitant au nombre de suppressions de postes. Les négociations sur leur traitement social, donc des éventuels licenciements, ne s'ouvriront qu'en janvier 2017, et jusqu'au 1er juillet, date de la mise en oeuvre de la restructuration.
Les licenciements "ne sont pas dans la culture du groupe mais on est inquiet", avait ajouté M. Préfol.
Les suppressions ne troucheront en revanche que peu le siège mondial à Toulouse, où au contraire devraient être transférés de nombreux postes.
Le site allemand d'Ottobrunn, près de Munich, devrait lui en revanche être affecté, selon les syndicats.
"Dans le passé, les réorganisations envisagées entraînaient toujours la suppression de postes et d'autres rigueurs pour le personnel, comme des délocalisations. Ceci vaudra aussi de manière non négligeable pour cette fois-ci", a estimé Sebastian Roloff, représentant du syndicat IG Metall à Ottobrunn.
Le maire de la ville, Thomas Loderer, veut toutefois rester optimiste: "Il est possible que les fonctions centrales qui sont restées jusqu'à présent (à Ottobrunn) soient également supprimées et que cela conduise à la délocalisation d'emplois. Mais dans l'ensemble je ne m'attends pas à ce que la réunion (de mardi) ait des répercussions négatives pour le site."
La réorganisation du groupe, baptisée Gémini, consiste à fusionner à Toulouse les sièges de la branche d'aviation commerciale (Airbus SAS, 70% de l'activité) avec le groupe (Airbus Group SAS).
Cette fusion-intégration, qui touche presque exclusivement les fonctions administratives et non opérationnelles, doit fait naître une nouvelle entité baptisée tout simplement "Airbus". Elle est destinée à éviter les "duplications" et à gagner en "agilité", selon la société.