L'activité manufacturière en Chine a continué d'accélérer en novembre, se maintenant à son rythme de progression le plus rapide depuis plus de deux ans, une stabilisation cependant extrêmement fragile.
L'indice des directeurs d'achat (PMI) publié jeudi par le Bureau national des statistiques (BNS) s'est établi à 51,7 le mois dernier, au plus haut depuis juillet 2014, contre 51,2 en octobre et 50,4 en septembre.
Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière dans la deuxième économie mondiale, alors qu'un indice inférieur à ce seuil signalerait une contraction du secteur.
Ce baromètre, fondé entre autres sur les carnets de commandes des entreprises et jugé annonciateur de la conjoncture à venir, est très suivi par les marchés: l'industrie manufacturière, même sinistrée, reste un secteur crucial en Chine.
Sur fond de crédit bon marché, à la suite de multiples assouplissements monétaires, le redressement du marché immobilier et de la construction a alimenté ces derniers mois le vif rebond de l'activité (fabrication de matériaux, meubles...).
"La bonne dynamique du secteur a aussi été entretenue par la forte dépréciation du yuan ces derniers mois", qui améliore la compétitivité des entreprises, souligne Yang Zhao, analyste de Nomura.
Mais cette embellie pourrait s'avérer de courte durée: "le récent refroidissement du marché immobilier ne s'est pas encore répercuté sur les investissements" et l'activité manufacturière, avertit M. Zhao.
"Le plus gros de la reprise est tiré par les mesures de relance, dont les effets devraient rapidement s'estomper", abonde Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
Selon lui, une forte correction se profile dans le secteur immobilier, après l'adoption par une vingtaine de grandes villes de restrictions sur les prêts et achats d'appartements, destinées à refroidir la fièvre du marché. Les ventes ont déjà commencé à accuser le coup.
Après être tombée l'an dernier au plus bas depuis un quart de siècle, la croissance économique de la Chine a continué de s'essouffler début 2016 avant de se stabiliser au troisième trimestre, à la faveur d'une colossale bulle immobilière et de dépenses publiques accrues dans les infrastructures.
Les groupes industriels restent minés par la baisse de la demande internationale, que reflète l'effondrement des exportations chinoises et le gonflement de leurs capacités excédentaires de production.
De son côté, le cabinet de recherche Caixin Insight Group, qui publie ses propres statistiques en se concentrant sur les petites ou moyennes entreprises, a fait état jeudi d'un PMI manufacturier de 50,9 pour novembre.
C'est un recul notable par rapport au niveau de 51,2 enregistré en octobre, qui représentait un sommet depuis 27 mois: un repli de mauvais augure selon les experts. D'autant que les entreprises ont continué de sabrer dans leurs effectifs "pour réduire leurs coûts", selon Caixin.
"La divergence avec le PMI gouvernemental suggère que les grandes entreprises étatiques (qui pèsent plus lourd dans le chiffre officiel) sont celles qui profitent le plus du rebond" et des largesses de l'Etat, observe M. Evans-Pritchard.
A l'inverse, la dégradation de l'indice PMI calculé par Caixin montre la fragilité des plus petites entreprises et du secteur privé. Les indices mesurant la production réelle et les nouvelles commandes ont notamment tous deux reculé le mois dernier.