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Pétrole: le Nigeria peut-il sortir de la récession?

Publié le 01/12/2016 18:32
Mis à jour le 01/12/2016 23:16
Le Nigeria est l'un des trois pays exemptés par l'accord de réduction de la production pétrolière mondiale, engagé mercredi par les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) (Photo JOE KLAMAR. AFP)
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Le Nigeria est l'un des trois pays exemptés par l'accord de réduction de la production pétrolière mondiale, engagé mercredi par les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) (Photo JOE KLAMAR. AFP)

Le Nigeria est l'un des trois pays exemptés par l'accord de réduction de la production pétrolière mondiale, engagé mercredi par les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep): en plein marasme économique, le géant ouest-africain veut y voir une lueur d'espoir pour redresser sa croissance.

Pourquoi cette exemption?

Le secrétaire d'Etat nigérian pour le pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu, s'est dit "reconnaissant" envers l'Opep "d'avoir compris que le Nigeria a besoin d'être exempté de cette limitation".

Le Nigeria, la Libye et l'Iran sont finalement les trois seuls pays à avoir échappé à cette réduction de leur production.

"Cela nous donnera du temps pour remettre notre maison en ordre, et pour résoudre la crise dans le Delta du Niger", région de production des hydrocarbures, s'est réjoui M. Kachikwu, représentant du Nigeria à la réunion de Vienne.

Des groupes armés, aux compétences très sophistiquées, ont décidé de "mettre l'économie du Nigeria à genoux", en faisant exploser des terminaux et des oléoducs stratégiques depuis le mois de février 2016. Ils réclament une meilleure redistribution des richesses, et plus d'autonomie vis à vis d'Abuja.

Après une année catastrophique, le géant d'Afrique de l'Ouest a récupéré de justesse, en novembre, sa première place de producteur en Afrique, devant l'Angola, avec une production de 1,9 million de barils par jour (contre 1,7 million pour l'Angola), selon les chiffres officiels.

Bien que les négociations avec les militants soient toujours difficiles, le groupe d'analyse financière BMI Research estime que le pays devrait produire en moyenne 2 millions de barils par jour en 2017. Mais la hausse des cours, que devrait entraîner cet accord, sera essentielle pour relancer la croissance.

Le pétrole représente 90% des revenus d'exportations nigérianes, et 75% du budget de l'Etat. Le pays, qui n'a jamais diversifié son économie depuis la découverte de l'or noir à la fin des années 1950, est entré en récession au deuxième trimestre, souffre d'une inflation galopante, et d'une pénurie de devises étrangères qui gèle investissements et importations.

Quel a été le rôle du Nigeria dans les négociations?

Bien que Muhammadu Buhari se soit attribué le poste de ministre du Pétrole en plus de son rôle présidentiel, son secrétaire d'Etat pour le pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu, a joué un rôle essentiel dans les pourparlers de l'Opep.

"Ses efforts aident à redonner au Nigeria un rôle influent, actif et respecté sur la scène mondiale de l'industrie pétrolière", a écrit Wole Ajayi, consultant nigérian dans le secteur de l'énergie, dans un éditorial repris dans la presse locale.

Début janvier, alors les cours étaient au plus bas (autour de 30 dollars le baril), M. Kachikwu a avancé l'idée d'un accord de réduction entre les plus grands pays exportateurs, notamment la Russie et l'Arabie Saoudite, lors du Forum de l'Energie à Abu Dhabi (Gulf Intelligence UAE Energy Forum).

Malgré d'immenses réticences, il a relancé le débat quelques jours plus tard, lors du Forum Economique Mondial, appelant les membres de l'Opep a se réunir au plus vite.

Après trois tentatives échouées, l'Opep a finalement créé la surprise en s'engageant à diminuer sa production de "1,2 million de barils par jour, pour porter son plafond à 32,5 millions de barils par jour".

Le géant africain peut-il enfin sortir de la crise?

Cet accord a provoqué une hausse de près de 10% des cours de l'or noir au New York Mercantile Exchange, où le baril de WTI, la référence américaine du brut, a pris 4,21 dollars, soit 9,31%, à 49,44 dollars sur le contrat pour livraison en janvier.

Ce rebond va "se tarir dans quelques semaines", précise Dolapo Oni, conseiller en énergie pour Ecobank Group, basé à Lagos. "Mais même si les pays respectent la moitié de leur engagement, on peut prévoir une hausse de 4 à 5 dollars sur le prix du baril. C'est une bonne nouvelle."

L'expert préfère toutefois temporiser l'enthousiasme ambiant: "Il reste un grand 'si'. Si le pays ne parvient pas à résoudre ses problèmes de sabotages sur les infrastructures, nous ne verrons aucune conséquence sur l'économie", conclue M. Oni.

Alors que les pourparlers avec les militants du Delta n'ont toujours pas empêché des attaques à répétition, le secrétaire d'Etat nigérian devra faire preuve des mêmes talents de négociateur que lors des réunions de l'Opep.

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