PARIS (Reuters) - L'avocat français Charles Joseph-Oudin a lancé une action en justice contre le laboratoire pharmaceutique allemand Bayer (DE:BAYGN), fabricant d'un implant contraceptif permanent, Essure, à la suite de plaintes d'utilisatrices.
La Direction générale de la santé a pour sa part rappelé vendredi dans un communiqué que ce dispositif, implanté dans les trompes de Fallope pour les obstruer, était "sous surveillance renforcée" du ministère de la Santé depuis 2015 en raison des complications et des effets indésirables qu'il provoque.
Les autorités sanitaires américaines avaient pour leur part annoncé en février avoir demandé à Bayer de nouvelles études sur cette méthode de stérilisation féminine, à la suite de milliers de plaintes et d'appels à son retrait du marché.
"On lance deux assignations en référé contre Bayer pour deux patientes qui ont porté un temps le dispositif Essure et souhaitent qu'un expert se prononce sur le lien de cause à effet entre le dispositif et leurs pathologies", a déclaré à Reuters cet avocat, qui a déjà défendu des victimes du Mediator.
"Nous sollicitons que Bayer prenne à sa charge les frais d'expertise puisque nous sommes dans un dossier où, manifestement, les pathologies de mes clientes font partie des effets indésirables notoires du produit", a-t-il ajouté.
Il a précisé que ces actions seraient lancées devant le tribunal de grande instance de Bobigny.
Bayer déclare vendredi soir dans un communiqué être "attentif" aux témoignages exprimés et être "attaché à une juste compréhension de la situation".
Le laboratoire souligne toutefois que "la sécurité et l'efficacité de la méthode Essure ont été confirmées par plus d'une décennie de recherches scientifiques, ainsi que par l'expérience clinique de vraie vie, avec un large nombre de femmes inclues dans les études (plus de 10.000 femmes) depuis son développement."
L’association RESIST (Réseau d’entraide de soutien et d’information sur la stérilisation tubaire), créée le 10 juin 2016 pour venir en aide aux victimes de cette méthode, a pour sa part demandé la suspension de la commercialisation d'Essure, a également dit l'avocat.
Elle invoque l'intérêt des patientes et l'application du principe de précaution, le temps que les études en France et à l'étranger soit réalisées et leurs résultats rendus publics.
Selon le site internet de RESIST, cet implant, autorisé à la vente par l'Europe en 2001, puis par la Food and Drug Association (FDA) américaine un an plus tard, est porté par environ 750.000 femmes dans le monde.
Parmi ses effets indésirables, il provoque notamment chez certaines patientes douleurs abdominales aiguës, amaigrissement, fatigue, douleurs musculaires ou articulaires, explique dans Le Parisien le Dr Bernard Hédon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français.
(Matthias Blamont, avec Emmanuel Jarry et Sophie Louet)