par Claude Canellas
BORDEAUX (Reuters) - Un millésime 2016 qui allie la qualité et le volume, un nombre record de visiteurs dont de nombreux Chinois : la semaine des primeurs qui s'ouvre lundi dans le vignoble bordelais s'annonce sous les meilleurs auspices.
Dès ce week-end, les visiteurs, qu'ils soient importateurs, grossistes, distributeurs, prescripteurs ou journalistes spécialisés du monde entier, pourront goûter comme chaque année le millésime en cours d'élevage dans les chais.
C'est à partir de ces dégustations que seront fixés quelques semaines plus tard les prix d'un vin qui ne sera livré que 18 mois plus tard. Cette tradition de plus de quarante ans d'âge a fait le succès des Bordeaux et apporté de la trésorerie dans les exploitations.
Elle permet aussi de donner le ton d'un millésime non seulement pour les grands crus, mais aussi pour l'ensemble des appellations pour lesquelles cette semaine est une vitrine ouverte sur le monde et un "thermomètre" pour sonder le marché.
Jeudi, l'Union des grands crus de Bordeaux (UGCB), qui réunit environ 140 des plus grandes propriétés et organise cette semaine rituelle, avait déjà enregistré 6.418 inscriptions (environ 4.500 en 2016).
Pour son président Olivier Bernard, propriétaire du Domaine de Chevalier (cru classé en AOC Pessac-Léognan), cet engouement tient "à la qualité d'un millésime comparable à celui de 2015 qui était déjà un très grand millésime."
"Il fait un peu penser à 2009-2010, ou plus anciennement 1989-1990 où deux très bons millésimes se sont succédé. Le 2016 a une très grande verticalité. Il a à la fois la puissance, la fraîcheur. On l'a vendangé très tard. Ce n'est pas un millésime chaud comme ceux de 2003 voire 2009. Ce sont des vins très 'Bordeaux' dans le style", explique-t-il.
A la qualité s'est ajouté un volume jamais atteint en Bordelais depuis 2009.
"A la différence de beaucoup de régions, le vignoble de Bordeaux a été globalement épargné par les intempéries et le volume 2016 est satisfaisant : 5,8 millions d'hectolitres en hausse de 9% par rapport à la récolte 2015", précise le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux.
Lors de l'assemblée générale du CIVB, Allan Sichel avait fixé pour objectif une commercialisation de 5,3 millions d'hectolitres, représentant une augmentation de 9% des volumes vendus par rapport à l’année 2016.
Olivier Bernard souligne qu'"une telle quantité est une bonne chose pour la rentabilité des propriétés qui ont souffert sur la période 2011-2012-2013, trois millésimes qui nous ont mis dans le rouge."
"Ce millésime va permettre d'abaisser les prix de revient et d'augmenter le chiffre d'affaires et nos marges. En 2014-2015, on s'en est bien sorti, on ne va pas pleurer, mais ça fait longtemps qu'on n'a pas vu un tel millésime", ajoute-t-il.
(Edité par Sophie Louet)