PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve appelle, dans une interview publiée dimanche, à la lucidité face aux premiers pas du président Emmanuel Macron qui se résument selon lui pour l'instant à une "juxtaposition d'images sympathiques".
"Pourquoi voulez-vous que je porte un regard négatif sur ses premiers pas comme président ?", demande-t-il dans les colonnes du Parisien.
"Le nouveau Parlement n'est pas encore élu, il n'a donc pas encore légiféré. Aucune mesure réglementaire n'a encore été prise, à l'exception de celle concernant les rythmes scolaires, qui semble susciter quelques réactions au sein des collectivités locales".
"On ne sait pas non plus ce que le gouvernement va proposer sur des sujets fondamentaux comme la réforme du code du travail", poursuit-il.
"Pour l'heure, nous assistons à une juxtaposition d'images sympathiques, qui contribuent à créer un climat d'optimisme auquel le pays aspire, mais qui ne doit pas le priver de lucidité".
Les trois premières semaines du quinquennat d'Emmanuel Macron, officiellement investi président de la République le 14 mai, ont été saluées par certains observateurs comme un "sans-faute", notamment au niveau diplomatique.
L'affaire Richard Ferrand et la déclaration du chef de l'Etat sur les "kwassa-kwassa", des embarcations régulièrement utilisées par des migrants des Comores pour rejoindre Mayotte, ont toutefois suscité une vague de critiques ces derniers jours.
A une semaine du premier tour des élections législatives, Bernard Cazeneuve relève plusieurs mesures défendues par le gouvernement, notamment la hausse de la CSG qui reviendrait selon lui à "s'éloigner de la justice sociale".
"Pour que le quinquennat réussisse, il faut que la gauche de gouvernement soit forte, sinon ceux qui aspirent à défaire le bilan du quinquennat auront les mains libres", estime-t-il.
Dans les sondages, le mouvement d'Emmanuel Macron, la République en marche (LREM), fait la course en tête dans les intentions de vote et pourrait obtenir une large majorité au soir du second tour, le 18 juin.
(Marine Pennetier, édité par Gilles Trequesser)