Après trois mois de baisse des prix, l'inflation est de retour en août avec la fin des soldes et la hausse de la facture énergétique, au risque, selon les économistes, de gripper le principal moteur de la croissance: la consommation des ménages.
Même si la tendance sur un an reste orientée à la baisse, les prix à la consommation ont repris 0,5% en août après avoir reculé en juillet (-0,4%), a annoncé mardi l'Institut national de la Statistique (Insee).
Le retour de l'inflation est d'abord lié à un effet mécanique: la fin de la période des soldes, qui a tiré vers le haut les prix des produits manufacturés, et notamment les articles d'habillement-chaussures (+8,0%) et de maroquinerie (+4,2%).
"La brutale sortie de la période (des soldes) se répète chaque année mais (...) a été particulièrement prégnante cette fois-ci car les soldes n’ont pas débordé sur août", relève Alexandre Mirlicourtois, du cabinet d'études Xerfi.
La poussée tient également à la hausse de la facture énergétique. Avec l'augmentation des cours du brut, les prix à la pompe ont rebondi en août même s'ils restent en très nette baisse sur un an (-18,3%).
Les tarifs de l'électricité ont par ailleurs été augmenté le 15 août (+2,3% en moyenne).
La remontée du baril de brut, qui avoisine aujourd'hui les 70 dollars, est le "principal coupable" et va contribuer à "faire repasser l’inflation hexagonale en territoire positif" jusqu'à la fin de l'année, estime Cyril Blesson, analyste chez Seeds Finance.
Plusieurs secteurs restent encore épargnés par le retour de l'inflation. Les prix des automobiles neuves et d’occasion sont de nouveau en baisse (-0,5%), en raison "de nouvelles promotions", souligne l'Insee.
"Avec la prime à la casse, les concessionnaires ont redoublé d’efforts pour attirer la clientèle", note Alexandre Mirlicourtois.
Les prix des produits frais continuent eux aussi de fléchir (-7,5%), plombés par une "conjoncture morose", note l'Insee, même si la plupart des autres produits alimentaires renchérissent.
Les prix ont également légèrement diminué dans la restauration (-0,2%) pour le deuxième mois d'application de la TVA à taux réduit, que les professionnels se sont engagés à répercuter en partie sur les prix. Dans les cafés, le recul est modeste (-0,1%) et l'Insee a même constaté une hausse sur un an.
"Plus de la moitié du chemin" a été accompli sur la répercussion de la baisse de TVA, a assuré mardi le secrétaire d'Etat au Commerce Hervé Novelli.
Au final, le retour de l'inflation suscite quelques inquiétudes pour l'avenir. Avec le chômage, "c’est une épreuve de plus pour les ménages", analyse Alexandre Mirlicourtois.
"Or sans consommation pas de croissance en France", tranche-t-il.