Les Etats-Unis ont vu leur déficit commercial et leurs échanges avec le reste du monde retomber en août, du fait de la mollesse de la demande intérieure américaine, mais la faiblesse du dollar et la demande asiatique leur offrent un relais de croissance ténu.
Le déficit commercial américain a reculé de 3,6% par rapport à juillet pour tomber à 30,7 milliards de dollars en données corrigées des variations saisonnières, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Commerce à Washington.
La baisse du déficit est une bonne surprise pour une économie américaine dont le mois d'août est censé avoir marqué la fin de la récession.
Cependant, les chiffres du ministère montrent également que les échanges des Etats-Unis avec le reste du monde, qui avaient augmenté en juillet pour la première fois en dix mois, ont rebaissé en août, de 0,2%.
C'est "une mauvaise nouvelle pour qui attend de voir des signes de reprise dans le commerce", estime Christopher Cornell, analyste de Moody's Economy.com.
Les importations américaines, qui avaient fortement grimpé en juillet, laissant croire à une reprise de la demande intérieure, sont en effet retombées, de 0,6% en août, à 158,9 milliards de dollars, malgré la "prime à la casse" qui a fait bondir les importations automobiles de 7,3%.
Autre signe de la faiblesse de l'activité aux Etats-Unis, la baisse des importations tient pour beaucoup à une chute de celles de produits pétroliers, de 5,7%, malgré une hausse du prix du baril de 3,6% (en données non corrigées des variations saisonnières).
"L'économie tremble toujours lorsque le prix d'une matière première de base augmente de manière spectaculaire", estime M. Cornell. "Avec la hausse qu'elle entraîne pour le prix de l'essence et d'un tas de produits pétroliers", la hausse du brut "pèse sur l'économie et n'aidera pas les ventes de voitures à venir".
Les exportations en revanche, favorisées par la baisse du dollar sur le marché des changes, ont augmenté de 0,2%, à 128,2 milliards de dollars, ce qui représente toutefois un ralentissement par rapport au bond du mois précédent (+2,4%).
Elles ont été tirées par le Canada (+7,3%), premier partenaire commercial des Etats-Unis, et par les pays de la zone Asie-Pacifique (+3,4%), semblant corroborer l'assertion du Fonds monétaire international (FMI) selon laquelle les pays émergents d'Asie sont des moteurs de la remise mondiale.
Néanmoins, les exportations américaines de biens d'équipements ont chuté de 4,1% pour atteindre leur niveau le plus faible depuis octobre 2005, selon le ministère.
Comme les importations de biens d'équipements, de matière premières et de produits industriels ont également baissé, M. Cornell juge que cela laisse penser que "la reprise est en train de caler" tant aux Etats-Unis qu'à l'échelle de la planète.
Plus optimiste, l'économiste Nigel Gault, de l'institut IHS Global Insight, estime que si l'on met de côté la baisse des importations pétrolières due en partie aux niveaux très élevés des stocks américains, "la tendance reste à la hausse pour les exportations et les importations".
Cependant, ajoute-t-il, le niveau des échanges reste très faible, puisqu'il est inférieur de plus de 25% à ce qu'il était un an plus tôt.
Mais au moins, juge Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets, le commerce extérieur devrait apporter un peu de croissance aux Etats-Unis "ce trimestre et dans ceux à venir", grâce à des exportations en hausse et à des importations qui restent "molles" du fait que les ménages cherchent à se désendetter.