Le FMI juge que la politique lancée par le Premier ministre japonais Shinzo Abe s'est arrêtée au milieu du gué et n'a pas guéri les maux de l'économie nippone: une inflation insuffisante, des salaires à l'arrêt et une dette trop lourde.
Dans des conclusions publiées mardi, heure de Tokyo, les administrateurs reprennent les grandes lignes du rapport réalisé par l'équipe venue en mission à Tokyo en juin.
Ils saluent "l'amélioration des performances économiques" du Japon, tout en notant qu'elles "s'ancrent principalement dans des conditions extérieures favorables et un soutien budgétaire. L'embellie pourrait être temporaire".
Et d'appeler à saisir "l'occasion pour faire avancer un ensemble de réformes complet et coordonné".
Car "les abenomics ont amélioré les conditions économiques et engendré quelques réformes structurelles, mais n'ont pas encore permis une sortie durable de la déflation", fléau dont souffre le pays depuis deux décennies, souligne le Fonds monétaire international dans un document détaillé, accompagnant les conclusions.
"Le programme devrait donner la priorité aux mesures structurelles visant à faciliter la relance (en particulier les réformes du marché du travail pour stimuler les salaires), suivies de politiques visant à augmenter la croissance potentielle" (réformes pour renforcer les investissements et diversifier l'offre de main-d'oeuvre dans un contexte de pénurie), préconise l'institution de Washington.
"A cette fin, le travail à temps plein, la participation des femmes et des seniors au marché du travail et l'utilisation de la main-d'oeuvre étrangère devraient être facilités".
Sur le front de la dette, qui s'élève à plus de 200% du PIB, le FMI recommande de nouveau au Japon d'adopter "un plan d'intégration budgétaire crédible et progressif", notamment via un relèvement de la taxe sur la consommation "à intervalles réguliers" jusqu'à ce que le taux atteigne au moins 15% (contre 8% actuellement).
Il est également conseillé de mettre en oeuvre "des politiques visant à sauvegarder le système financier", alors que "l'environnement des taux d'intérêt bas", résultant de la politique monétaire de la banque centrale, "et les vents démographiques contraires créent de nouveaux risques dans le secteur".
M. Abe a initié fin 2012 sa stratégie abenomics dans le but de redonner un souffle à la troisième économie mondiale. Malgré l'embellie actuelle, le Japon reste en retrait des autres pays développés avec une croissance attendue à 1,3% en 2017, puis à 0,6% en 2018, selon les dernières prévisions du FMI.