LEVALLOIS, Hauts-de-Seine (Reuters) - La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête après l'attaque de six militaires de l'opération Sentinelle blessés mercredi par une voiture qui a foncé sur eux dans le centre de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
La ministre des Armées, Florence Parly, a précisé dans un communiqué que sur les six militaires du 35e régiment d’infanterie de Belfort blessés, trois l'ont été plus grièvement, "sans que leur pronostic vital ne soit engagé".
Le conducteur impliqué est activement recherché par un important dispositif mis en place par les forces de l'ordre.
L'enquête de la section antiterroriste du parquet de Paris a été ouverte des chefs de "tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en lien avec une entreprise terroriste et d'association de malfaiteurs terroriste criminelle", indique-t-on de source judiciaire.
Patrick Balkany, le maire de cette petite ville située à l'ouest de Paris, a estimé que l'acte était prémédité.
"Les militaires de l'opération Sentinelle sont sortis en rang pour faire leur tournée et il y a un véhicule BMW (DE:BMWG) qui était prépositionné dans l'allée et qui leur a foncé dessus au moment de retrouver leur véhicule", a-t-il expliqué sur BFM TV.
"C'est sans aucun doute un acte délibéré parce que ça s'est passé dans une voie qui est un cul-de-sac devant le casernement de ces militaires et ce véhicule, visiblement, attendait qu'ils sortent pour rejoindre leur véhicule et leur a foncé dessus."
Selon Yves Lefebre, secrétaire général du syndicat Unité police Force ouvrière, l'auteur voulait "tuer".
"Un individu stationne son véhicule de marque BMW de couleur très foncée, noire, à proximité du lieu de passage des militaires qui sortent de leur casernement pour rejoindre leur véhicule ou leur patrouille, ils sont à pied", a-t-il expliqué à Reuters. "Et au moment où ils passent, le véhicule fonce à contre-sens ostensiblement vers eux pour les percuter."
"Le véhicule est activement recherché sur l'Ile-de-France et toute la région parisienne avec un individu a bord", a-t-il dit.
UNE OPÉRATION CONTESTÉE
Les quelque 7.000 militaires de l'opération Sentinelle lancée au lendemain des attentats du 15 novembre 2015 à Paris ont souvent été pris pour cibles par des djihadistes.
L'ampleur de l'opération a déjà été réduite - de 10.000 à 7.000 hommes - et les patrouilles sont désormais "dynamiques" pour éviter que les militaires servent de cibles statiques.
Emmanuel Macron a annoncé le 20 juillet que l'opération Sentinelle serait révisée cet automne sur la base d'un rapport du chef d'état-major des armées (CEMA).
Le maintien de cette opération coûteuse dans un contexte budgétaire restreint et une sur-utilisation des forces armées est contesté par une partie de la classe politique.
Florence Parly avait rendu visite lundi à des militaires qui patrouillaient sous la Tour Eiffel pour leur dire que Sentinelle resterait "en place tant qu'elle sera utile à la protection des Français".
"Il faut maintenant s'inscrire dans la durée, et déployer nos efforts de façon un peu différente. L'objectif est de s'adapter sans cesse à la menace", avait-elle dit à la presse.
Un homme qui a tenté samedi dernier de forcer un couteau à la main un des contrôles de sécurité de la Tour Eiffel a été renvoyé lundi en hôpital psychiatrique.
Une information judiciaire a été ouverte des chefs de tentatives d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en lien avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste criminelle, "afin, notamment, qu'une nouvelle expertise soit ordonnée, pour confirmer ou infirmer les premières conclusions de l'expert", a-t-on précisé de source judiciaire.
Le parquet antiterroriste avait été saisi dimanche après que l'homme a déclaré aux enquêteurs qu'il voulait commettre un attentat contre un militaire et qu'il était en lien avec un membre de l'État islamique.
(Caroline Pailliez, avec Yann Le Guernigou, Myriam Rivet et Benoît Tessier, édité par Yves Clarisse)