PARIS (Reuters) - Une croissance économique un peu plus forte que prévu permettra à la France d'afficher des objectifs de déficit public plus ambitieux et de nature à lui permettre de sortir dès 2018 de la procédure européenne de déficit excessif, a déclaré mardi le ministre de l'Economie et des Finances.
Bruno Le Maire a indiqué tabler sur un déficit public à 2,9% du PIB cette année puis 2,6% l'an prochain, soit dans les deux cas 0,1 point de moins que prévu dans la trajectoire publiée pour le débat d'orientation des Finances publiques mi-juillet.
"C'est un peu mieux que ce que nous avions donné en première indication aux parlementaires parce que la croissance est légèrement meilleure", a-t-il dit sur France 2. Le déficit public se situait à 3,4% de la richesse nationale fin 2016.
Sa baisse sera rendue possible par la nouvelle révision à la hausse, à 1,7%, de la prévision de croissance de l'économie française pour 2017 - fixée initialement à 1,5% puis révisée à 1,6% cet été, celle pour 2018 restant calée à ce même niveau de 1,7%..
Par comparaison, le PIB de 2016 avait plafonné à 1,1%.
Outre l'impact positif de la croissance sur les recettes, Bruno Le Maire et son homologue en charge de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, voient aussi dans la baisse plus marquée du déficit "l'effet des mesures de redressement prises par le gouvernement cet été", avec l'annulation d'une série de crédits.
"Le gouvernement travaille ainsi résolument à une sortie dès 2018 de la procédure européenne de déficit excessif", soulignent les deux ministres dans un communiqué. Un déficit inférieur à 3,0% du PIB, ce qui n'est pas arrivé en France depuis 2007, est pour cela nécessaire pendant deux années consécutives.
En attendant, le dynamisme des recettes se traduira par une hausse des prélèvements obligatoires à 44,7% du PIB cette année, soit 0,3 point de plus qu'en 2016, selon des chiffres que Reuters s'est procurés.
Leur taux retomberait à 44,3% en 2018, soit 0,3 point (ou 6,8 milliards d'euros) de plus qu'indiqué dans la trajectoire publiée en juillet, un niveau qui intègre la baisse de dix milliards d'euros des prélèvements (fiscalité et cotisations) programmée pour l'an prochain et confirmée aussi par les deux ministres .
Avec des rentrées plus fortes, l'exécutif a choisi d'atténuer l'effort sur les dépenses publiques, qui progresseraient de 0,5% en volume l'an prochain (et de 1,5% en valeur) alors que l'objectif affiché initialement était une stagnation.
En conséquence, Gérald Darmanin a indiqué lundi que leur poids dans le PIB diminuerait de 0,7 point soit 16 milliards d'euros, alors que le gouvernement visait à l'origine une baisse 0,9 point ou 20 milliards.
(Yann Le Guernigou, édité par Jean-Baptiste Vey)