Uber a annoncé dimanche un accord de principe pour vendre une participation dans son capital au japonais Softbank (T:9984), une transaction qui pourrait l'aider à tourner la page des scandales et donner le coup d'envoi à son introduction en Bourse prévue en 2019.
"Nous sommes parvenus à un accord avec un consortium emmené par Softbank et Dragoneer (une société de capital-investissement basée à San Francisco) concernant un éventuel investissement. Nous pensons que cet accord est un important vote de confiance au potentiel d'Uber à long terme", a déclaré par courriel un porte-parole, sans donner de détails ni sur le montant de l'investissement ni sur le calendrier.
Softbank, propriété du milliardaire nippon Masayoshi Son, a fait part depuis plusieurs mois de son désir d'investir des milliards de dollars dans Uber via une prise de participation pouvant atteindre 14% du capital.
L'entreprise veut racheter pour 1 milliard de dollars de nouvelles actions au prix auquel elles étaient vendues en 2016.
La société japonaise, maison-mère du troisième opérateur télécoms américain Sprint, veut également acquérir à des actionnaires actuels leurs actions à un prix bas au cours d'un processus financier baptisé "offre amicale" qui dure traditionnellement un mois. Un prix est fixé mais les actionnaires sont libres d'accepter de vendre leurs titres ou pas.
Softbank a déjà prévenu qu'il pourrait jeter l'éponge si elle se rendait compte qu'elle n'obtiendrait pas les 14% du capital, seuil qui lui octroierait deux sièges au sein du conseil d'administration et lui donnerait par conséquent une voix importante lors des décisions stratégiques.
Contactée par l'AFP dimanche, Softbank s'est refusé à tout commentaire.
- Bonne gouvernance -
L'investissement du groupe japonais a été rendu possible après un accord entre Travis Kalanick, l'ancien PDG fondateur d'Uber, et un influent fonds actionnaire du service de réservations de véhicules avec chauffeur qui ont accepté de mettre de côté leurs divergences.
Le fonds californien Benchmark, qui s'était fortement activé pour obtenir la démission de M. Kalanick de la direction du groupe, avait notamment intenté une action judiciaire pour contester la mainmise de ce dernier sur le conseil d'administration, instance validant la stratégie, toute transaction, nommant et limogeant le PDG.
Le bras de fer avait conduit au gel de toute opération stratégique, à l'instar de celle envisagée par Softbank.
L'accord trouvé entre les deux parties prévoit que Benchmark suspende sa plainte, tandis que M. Kalanick va autoriser le conseil à donner son avis, via un vote, sur les prochains administrateurs.
En cas d'accord définitif entre Uber et Softbank, Benchmark retirera sa plainte.
L'arrivée prochaine de Softbank au capital est une bonne nouvelle pour Uber qui cherche à tourner la page des scandales à répétition ayant récemment terni sa réputation, dont des accusations de harcèlement sexuel en son sein.
Le groupe devrait en profiter pour mettre en place des pratiques de bonne gouvernance, comme attribuer un vote à chaque action. Uber veut également élargir son conseil d'administration pour y injecter davantage de pluralité et desserrer l'étau de Travis Kalanick, qui y siège toujours malgré sa démission en juin.
"Une fois finalisé, cet investissement va doper nos investissements dans les technologies et notre expansion sur le territoire américain et à l'étranger tout en renforçant notre gouvernance", a d'ailleurs souligné Uber dimanche.
La confiance de Softbank en son avenir pourrait également enclencher officiellement son projet d'introduction en Bourse prévue pour 2019. Lors de son dernier tour de table, Uber, qui n'est pas rentable, était valorisé à plus de 68 milliards de dollars.
Dara Khosrowshahi, le nouveau PDG, avait fixé dès sa nomination un délai de 18 à 36 mois pour une entrée en Bourse, selon la presse américaine.
Soucieux de se diversifier, Softbank investit à tout-va depuis plusieurs années dans des secteurs technologiques allant bien au-delà de son coeur de métier, la téléphonie mobile : dans la robotique avec l'achat notamment du Français Aldebaran, dans le commerce en ligne avec l'acquisition de parts du capital du géant chinois du secteur Alibaba (NYSE:BABA).