par Leika Kihara et Stanley White
TOKYO (Reuters) - La Banque du Japon (BoJ) a, sans surprise, laissé sa politique monétaire inchangée jeudi et son gouverneur, Haruhiko Kuroda, a souligné que les nombreux signes d'accélération de la croissance n'étaient pas à eux seuls suffisants pour justifier une remise en cause des mesures ultra-accommodantes prises ces dernières années.
Lors d'une conférence de presse, il a souligné la nécessité de maintenir "avec patience" la politique actuelle face à une inflation qui reste nettement inférieure à l'objectif de 2% fixé par la BoJ.
Cette dernière reste ainsi, à ce stade, à l'écart du cycle de resserrement monétaire mis en oeuvre, à divers degrés, par la plupart des autres grandes banques centrales, Réserve fédérale américaine en tête.
Haruhiko Kuroda a balayé les critiques selon lesquelles le maintien prolongé de cette politique ultra-accommodante risque de déstabiliser le système bancaire japonais, notant ne déceler aucun problème dans le système financier et soulignant que les prêts bancaires étaient en hausse.
"Notre priorité la plus importante est d'atteindre cet objectif de 2% le plus tôt possible. Nous n'allons pas simplement relever les taux parce que la conjoncture économique s'améliore", a-t-il dit.
Comme anticipé, l'objectif des taux à court terme de la BoJ a été maintenu à -0,1% et celui des taux à dix ans autour de zéro, le statu quo en la matière étant ainsi observé depuis un an.
La BoJ a toutefois revu à la hausse son appréciation de la situation en matière d'investissement, tout en réaffirmant juger que l'économie croissait à un rythme modéré.
L'économie du Japon a enregistré une croissance de 2,5% en rythme annualisé sur la période juillet-septembre, son septième trimestre consécutif d'expansion.
Mais l'inflation de base mesurée par les prix de détail reste bloquée à 0,8%, bien en deçà de l'objectif de 2%.
La coalition du Premier ministre Shinzo Abe a approuvé la semaine dernière un projet visant à ramener de 30% à 20% le taux d'imposition des bénéfices des entreprises en échange de hausses de salaires importantes et d'investissements.
Avec cette proposition, le gouvernement Abe espère convaincre les entreprises d'augmenter de 3% les salaires, une hausse qu'il juge nécessaire pour stimuler les dépenses des ménages et vaincre la déflation qui ronge depuis près de deux décennies l'économie nippone.
Haruhiko Kuroda a déclaré que la hausse du marché actions ne conduirait pas la BoJ à ralentir le rythme de ses achats de fonds indiciels (ETF), ajoutant qu'une telle mesure ne serait prise que lorsque l'inflation s'approchera des 2%.
La plupart des analystes financiers pensent que la prochaine grande décision de la BoJ ira dans le sens d'un retrait des mesures de soutien à l'activité, ajoutant toutefois ne pas prévoir un tel virage avant la fin de 2018.
(Avec la contribution de Tetsushi Kajimoto et Thomas Wilson; Danielle Rouquié et Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Angrand)