NATIONS UNIES/PARIS (Reuters) - La France a demandé à une trentaine de pays de coopérer pour conserver les preuves d'attaques à l'arme chimique et imposer des sanctions aux responsables identifiés.
Cette initiative fait suite au blocage par la Russie d'une enquête internationale sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.
Elle sera lancée formellement lors d'une réunion organisée mardi à Paris, a déclaré jeudi l'ambassadeur français aux Nations unies François Delattre lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la non-prolifération des armes de destruction massive.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson y participera, a fait savoir le département d'Etat.
Le groupe de pays oeuvrera "à collecter, conserver, échanger et utiliser tous les mécanismes à notre disposition pour nommer les parties coupables et leur imposer les sanctions nécessaires", peut-on lire sur le message d'invitation envoyé aux Etats participants.
"Il est important qu'en temps voulu, quand le calendrier politique le permet, toutes les informations sur les auteurs d'attaques à l'arme chimique et ceux qui ont participé à ces programmes soient immédiatement disponibles afin de garantir qu'ils répondent de leurs actes devant la justice", ajoute le message.
En novembre dernier, Moscou a opposé son veto à une résolution visant à renouveler le mandat de la commission d'enquête de l'Onu et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OAIC), appelée Mécanisme d'enquête conjoint (Joint Investigative Mechanism, Jim), sur les armes chimiques en Syrie.
Un rapport de cette instance a imputé au gouvernement syrien l'utilisation de gaz sarin sur Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, une attaque qui a fait plus de 80 morts le 4 avril 2017. Le Jim accuse également Damas d'avoir mené plusieurs attaques au chlore et les djihadistes du groupe Etat islamique d'avoir utilisé du gaz moutarde.
"La paralysie actuelle des forums multilatéraux nous empêche de prendre des mesures judiciaires contre les auteurs de ces crimes et de les dissuader de poursuivre leurs actions. Il faut changer cela", peut-on lire encore dans le message d'invitation.
Devant le Conseil de sécurité jeudi, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé infondées les accusations contre le gouvernement syrien et reproché aux Occidentaux de ne pas mesurer le danger que représente l'éventuelle utilisation d'armes chimiques par des groupes extrémistes.
"Nous sommes gravement préoccupés par la menace croissante du terrorisme à l'arme chimique au Proche-Orient. En particulier sur les territoires irakien et syrien", a-t-il dit.
(Michelle Nichols à l'Onu, John Irish à Paris; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)