Space X s'apprête à lancer mardi sa fusée Falcon Heavy, décrite comme "la plus puissante du monde" et qui doit préfigurer les missions capables de transporter des équipages sur la Lune et peut-être sur Mars.
"Tous les voyants sont au vert pour un lancement à 13H30" (18H30 GMT) depuis Cap Canaveral (Floride), s'est réjoui Elon Musk, patron de SpaceX, lundi après-midi sur Twitter (NYSE:TWTR).
"Lorsque Falcon Heavy s'élèvera, ce sera la fusée la plus puissante actuellement opérationnelle dans le monde", a tweeté la société en début de soirée, confirmant les détails du tir.
Fidèle à son image d'entrepreneur de génie fantasque, M. Musk a choisi une charge utile un peu particulière pour ce premier vol: son roadster Tesla rouge cerise au volant duquel est installé un mannequin vêtu du scaphandre spatial développé par l'entreprise.
"Starman dans un roadster rouge", a posté le richissime homme d'affaires sur Instagram lundi montrant la voiture électrique le nez pointé vers le ciel avec le faux astronaute aux commandes. Pour donner un air encore plus "art conceptuel" à l'affaire, "Space Oddity" de David Bowie, joué à l'intérieur de la voiture, servira de fond musical au lancement.
M. Musk ne faisant jamais les choses à moitié, il a choisi pour destination de ce premier vol l'espace lointain, à une distance à peu près équivalente de celle de Mars par rapport au Soleil mais pas trop près non plus de la planète rouge, qu'il ambitionne ni plus ni moins de coloniser.
"J'adore l'idée d'une voiture dérivant apparemment à l'infini dans l'espace et qui sera peut-être découverte par une race extraterrestre dans des millions d'années", s'était-il enthousiasmé l'an dernier.
Pour ambitieux qu'il soit, Elon Musk est conscient que sa fusée risque de mal fonctionner.
Falcon Heavy n'a en effet subit pour l'instant que des tests statiques qui consistent à allumer les moteurs de la fusée ancrée au sol.
"Nous serons dans l'espace lointain pour un milliard d'années si elle n'explose pas en vol", avait-il tweeté en décembre. Il a répété lundi lors d'une conférence de presse qu'il considèrerait le lancement "comme un succès si (la fusée) quitte le pas de tir et ne le pulvérise pas en mille morceaux".
"A chaque échec qu'ils ont rencontré, ils ont rebondi immédiatement", a souligné à l'AFP Erik Seedhouse, enseignant à l'université américaine Embry-Riddle spécialisée dans l'aérospatiale, insistant sur le fait que SpaceX a "effectué l'année dernière davantage de lancements que n'importe quel pays".
- Décrocher la lune -
Falcon Heavy, qui mesure 70 mètres de hauteur sur douze mètres de largeur, est complexe.
Constituée de trois fusées Falcon 9 assemblées frontalement, elle sera propulsée par 27 moteurs Merlin qui "génèrent plus de 5 millions de livres (2.500 tonnes) de poussée au décollage, ou l'équivalent de 18 Boeing (NYSE:BA) 747", explique SpaceX.
Comme l'entreprise spatiale le fait de manière routinière pour ses tirs de Falcon 9, elle va tenter de faire revenir se poser en douceur chacun des trois premiers étages de cette super-fusée pour pouvoir les réutiliser, et ainsi réaliser une importante économie.
SpaceX affirme que Falcon Heavy "peut lancer deux fois plus de charge utile que la plus puissante fusée en opération existante, la Delta IV Heavy, "à un tiers du prix". Selon United Launch Alliance, qui opère les Delta IV, le coût d'un lancement est de 350 millions de dollars.
Ce lanceur est seulement surpassé par la fusée Saturn V de la Nasa qui a emporté des astronautes des missions Apollo vers la Lune à la fin des années 1960 et au début de la décennie 1970.
Avec cette puissance, Falcon Heavy pourra mettre jusqu'à 63,8 tonnes en orbite terrestre basse, soit près de trois fois la charge que peut emporter Falcon 9.
C'est aussi le billet de la Nasa pour arriver à envoyer des hommes dans l'espace sans avoir besoin de l'aide des Russes et de leur vaisseau Soyouz, comme c'est le cas depuis la fin du programme de la navette spatiale en 2011.
L'enjeu est donc d'importance pour SpaceX, qui a déjà décroché un contrat de 1,6 milliard de dollars de la Nasa pour approvisionner la Station spatiale internationale.
"Falcon Heavy a été conçu dès le départ pour transporter des humains dans l'espace et retrouver la possibilité d'envoyer des équipages vers la Lune ou vers Mars", a souligné SpaceX dans un communiqué.
Mais Elon Musk a précisé lundi qu'un autre de ses projets, la fusée "Big fucking rocket" (BFR, littéralement "putain de grosse fusée") serait en fait celle destinée à transporter des humains, tandis que Falcon Heavy serait consacrée aux équipements.
Le fondateur d'Amazon (NASDAQ:AMZN) Jeff Bezos, homme le plus riche du monde, féru d'espace et entrepreneur spatial, a souhaité bonne chance à son rival sur Twitter. "Bonne chance à @SpaceX avec le lancement demain de Falcon Heavy. Espérons un magnifique vol sans accroc!" a écrit M. Bezos signant de Blue Origin, nom de son entreprise spatiale, et de sa devise en latin "Gradatim Ferociter" (Pas à pas. Avec férocité).