PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a assumé mardi le maintien au sein du gouvernement de Nicolas Hulot et de Gérald Darmanin, qui ont fait l'objet de plaintes pour agression sexuelle classées sans suite ou prescrites, mettant en garde contre un excès des contre-pouvoirs et une "République du soupçon".
En l'espace de dix jours, le gouvernement d'Edouard Philippe a été contraint de faire bloc autour du ministre de la Transition Ecologique et de celui de l'Action et des Comptes publics qui contestent formellement les accusations dont ils font ou ont fait l'objet par le passé.
Nicolas Hulot et Gérald Darmanin ont conservé le soutien du Premier ministre et du président de la République en vertu de la règle établie selon laquelle seule une mise en examen peut entraîner une exclusion automatique du gouvernement.
A la question de savoir s'il était au courant des plaintes classées sans suite visant par le passé ses deux ministres au moment de leur nomination, le chef de l'Etat a répondu : "bien évidemment que non puisque ce n'est pas une question que j'ai posée".
"Je n'ai pas demandé à celles et ceux que le Premier ministre m'a proposé de nommer ministres s'ils avaient fait l'objet de plaintes qui avaient été dûment regardées par des juges, classées sans suite parce que les faits n'étaient pas établis et parce qu'ils étaient prescrits", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des journalistes à Paris.
"Si j'avais procédé à un tel examen, je ne sais pas qui on peut nommer ministre, je ne sais pas quelle est la vie des gens, et surtout je ne sais pas si ça correspondant à l'idée souhaitable que nous pouvons nous faire de la démocratie".
"On veut que les dirigeants soient exemplaires, on s'est donné des règles, il y a des contre-pouvoirs qui sont légitimes et qui permettent que ces règles fonctionnent bien mais quand le but des contre-pouvoirs finit par être de détruire ceux qui exercent le pouvoir sans qu'il y ait de limites ni de principes, ce n'est plus une version équilibrée de la démocratie", a-t-il souligné.
"Penser que quelque chose qui a été regardé, jugé, devrait soit me conduire à écarter quelqu'un, soit à le sortir du gouvernement, je crois que ce n'est plus le bon fonctionnement qu'il y a entre le pouvoir et le contre-pouvoir, parce que ça devient une République du soupçon".
Le parquet de Paris a ouvert le 22 janvier une nouvelle enquête préliminaire contre Gérald Darmanin à la suite d'accusations de viol. Une première enquête avait été classée sans suite en juillet dernier car la plaignante, qui avait déposé sa plainte peu de temps après l'entrée de Gérald Darmanin au gouvernement pour des faits remontant à 2009, n'avait pas répondu aux convocations des enquêteurs.
Ayant fait savoir qu'elle était prête à répondre aux questions des enquêteurs, la procédure a été rouverte. Gérald Darmanin avait déposé en juin 2017 une plainte contre son accusatrice pour dénonciation calomnieuse.
L'hebdomadaire Ebdo a lui fait état la semaine dernière de deux affaires concernant Nicolas Hulot, la première concernant des accusations de harcèlement sexuel liées à une ancienne collaboratrice, la seconde concernant une plainte pour un viol supposé, déposée en 2008 par Pascale Mitterrand, petite-fille de l'ancien président François Mitterrand, classée sans suite la même année. Le ministre a annoncé lundi son intention de porter plainte pour diffamation contre l'hebdomadaire.
(Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)