par Toby Sterling et Bart H. Meijer
AMSTERDAM (Reuters) - Akzo Nobel a annoncé mardi la vente de sa division de chimie de spécialités à la société de capital-investissement Carlyle et au fonds souverain de Singapour GIC pour 10,1 milliards d'euros, dette comprise - une étape cruciale pour le redressement du groupe néerlandais après une année 2017 tumultueuse.
Dans un communiqué, Akzo Nobel précise que le produit dégagé de cette cession devrait s'élever à 7,5 milliards d'euros, dont l'essentiel ira aux actionnaires.
Le prix de vente est légèrement supérieur aux attentes et permettra à Akzo de se recentrer sur les peintures et revêtements, un élément important dans sa défense l'an dernier face à l'assaut hostile de l'américain PPG.
Il devrait également permettre au groupe néerlandais d'apaiser les tensions avec les actionnaires mécontents du rejet de l'offre de PPG.
L'accord fait d'Akzo "l'une des trois plus grandes entreprises de peintures et de revêtements au monde", s'est félicité le directeur général Thierry Vanlancker, qui a pris les commandes du groupe en juillet dernier après l'épilogue de la bataille contre PPG.
"Nous allons examiner les opportunités (d'acquisition) qui se présenteront mais la taille n'est vraiment pas la priorité, c'est la performance de l'entreprise", a-t-il ajouté lors d'une conférence téléphonique, tablant sur un objectif de marge de 15% d'ici 2020.
Le fabricant des peintures Dulux s'était engagé à scinder sa chimie fine l'an dernier après avoir repoussé au printemps l'offre hostile de PPG, qui était prêt à mettre 26 milliards d'euros sur la table pour le racheter.
L'activité de chimie fine représente un tiers du chiffre d'affaires et du bénéfice d'Akzo Nobel.
Le groupe, qui a un temps envisagé aussi une introduction en Bourse pour cette division, a finalement jugé qu'une vente à Carlyle était dans le meilleur intérêt de tous.
Le titre progresse de 3,30% à 77,58 euros vers 10h30 GMT, la plus forte hausse de l'indice AEX (+1,68%) de la Bourse d'Amsterdam et de l'indice sectoriel de la chimie en Europe, qui avance de 1,9% à ce stade.
Wim Hoste, analyste chez KBC, a calculé que le prix de vente de la division chimie de spécialités représentait un ratio de 9,8 fois le bénéfice brut, "ce qui est un peu plus élevé (...) que ce que nous espérions", a-t-il dit.
L'analyste de KBC a relevé son objectif de cours à 12 mois à 80 euros par action, tout en maintenant sa recommandation "conserver" du fait d'un potentiel de hausse qu'il juge "relativement limité" à court terme.
Des banquiers conseillant des acheteurs potentiels tablaient pour leur part sur un ratio de 8 à 9 fois le bénéfice attendu avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (Ebitda).
La division Specialty Chemicals fabrique des substances entrant dans la composition de produits comme des emballages plastiques, du papier de soie, des matériaux de nettoyage, des produits pharmaceutiques ou encore des adhésifs.
Thierry Vanlancker a déclaré qu'Akzo avait obtenu la promesse de Carlyle de conserver le siège social de la société aux Pays-Bas, mais aucun engagement n'a été pris concernant le sort des 2.500 employés de l'entreprise.
L'accord est soumis à l'approbation des autorités de régulation.
(Juliette Rouillon et Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison)