Le Néo-Zélandais Ross McEwan va prendre la tête de la banque britannique RBS, contrôlée par l’État depuis son sauvetage en 2008, avec pour lourde tâche de poursuivre son redressement en vue de la ramener dans le giron du privé.
Patron de la division de banque de détail du groupe depuis septembre après être passé par la Commonwealth Bank of Australia, M. McEwan remplacera à compter du 1er octobre Stephen Hester, débarqué à la surprise générale en juin alors qu'il dirigeait RBS depuis 2008, a indiqué la banque vendredi.
La nomination de M. McEwan rappelle celle d'Antony Jenkins, venu lui aussi de la banque de détail, à la tête de Barclays l'été 2012 afin de restaurer la réputation de la banque secouée par l'affaire du Libor.
"Avec sa grande expérience dans le secteur bancaire et les capacités de direction qu'il a montrées chez RBS, Ross sera un grand directeur général pour le groupe", a déclaré Philip Hampton, président de RBS.
"Cinq ans après son sauvetage, RBS est maintenant une banque sûre et solide" et "notre principale préoccupation va être de bâtir une banque vraiment bonne pour nos clients et nos actionnaires, de ramener la banque dans le giron du privé et de jouer pleinement notre rôle dans le soutien à l'économie britannique", a-t-il ajouté.
Ross McEwan, qui ne touchera pas de bonus en 2013 et 2014, a tenu de son côté à saluer le "remarquable travail" de Stephen Hester et de tous les salariés du groupe pour avoir "sauvé la banque".
"Cinq ans plus tard, nous sommes maintenant prêts à nous concentrer sur l'avenir (...) Nous avons beaucoup de travail devant nous et je suis très impatient de commencer", a souligné ce fan de ski nautique et de cyclisme de 56 ans, marié et père de deux enfants.
Signe du redressement de la banque après des années de pertes abyssales, RBS est revenue dans le vert au premier semestre avec un bénéfice net de 535 millions de livres contre une perte nette de 2,032 milliards un an plus tôt.
Mais ses résultats restaient inférieurs aux attentes du marché et preuve que les scandales du passé continuent à peser, RBS a dû enregistrer une nouvelle provision de 185 millions de livres liée aux ventes forcées d'assurances-crédit PPI, ce qui porte sa facture totale dans cette affaire à 2,4 milliards.
A la Bourse de Londres, le titre RBS, qui avait bondi jeudi après les premières informations sur la nomination de M. McEwan, a chuté de 3,30% à 322,5 pence à la clôture de vendredi.
Alors que l'annonce surprise du départ de Stephen Hester avait choqué la City, la lourde tâche de M. McEwan sera de poursuivre le redressement afin de permettre à l’État de vendre sa part.
Le nouveau patron fait face à une "grande pression pour poursuivre le travail d'Hester" afin "de parvenir à la privatisation qui a été retardée par les interférences politiques", a ainsi jugé Joe Rundle, d'ETX Capital.
L'éviction d'Hester avait en effet suscité de vives interrogations du marché sur la stratégie de l’État, qui détient 81% de RBS.
Commentant la nomination de M. McEwan, le ministre des Finances, George Osborne, s'est dit impressionné par sa "vision de RBS" et a jugé qu'il apporterait "la direction dont la banque a besoin alors qu'elle tourne la page des erreurs du passé et que le gouvernement cherche à obtenir la meilleure valorisation (de sa part) pour le contribuable".
Le ministre avait toutefois estimé en juin que la privatisation de la banque restait "assez éloignée", plus que celle de Lloyds Banking Group, autre banque sauvée par l’État dont le marché a salué jeudi les bons résultats et la perspective de reprise du versement de dividendes.
Avant toute privatisation de RBS, le gouvernement doit d'abord indiquer à l'automne s'il compte regrouper les actifs toxiques de la banque au sein d'une structure de défaisance ("bad bank"), comme l'avait indiqué M. Osborne en juin après avoir cédé à la pression des parlementaires.