Les hauts représentants de la troïka des créanciers de la Grèce doivent reprendre mercredi à Athènes les entretiens avec les responsables du pays après un épisode de confusion sur la date de leur retour, sur fond de désaccords avec le gouvernement.
Le rendez-vous entre le ministre grec des Finances Yannis Stournaras et les représentants de l'UE, de la BCE et du FMI, Matthias Morse, Klaus Mazuch et Poul Thomsen, est prévu "pour mercredi en fin d'après-midi", a indiqué à l'AFP un responsable du ministère.
A l'issue de la réunion de l'Eurogroupe lundi soir à Bruxelles, le ministre a affirmé que le trio des créanciers allait rester au moins une semaine avant de partir pour les fêtes de fin de l'année et revenir début janvier, si nécessaire.
"Nous allons travailler 24 heures sur 24", a dit M. Stournaras, faisant allusion aux questions restant à régler avec les créanciers avant leur feu vert espéré pour le versement d'une tranche d'aide d'un milliard d'euros attendue depuis plusieurs mois.
Le versement de l'aide en question
M. Stournaras a qualifié de "malheureuse" la déclaration de la Commission, samedi soir, en plein vote au parlement à Athènes du projet du budget 2014, selon laquelle la visite des responsables de la troïka prévue cette semaine avait été différée à janvier, ce qui signifiait un nouveau retard dans le versement de cette tranche.
Cette déclaration "a créé une confusion", a dit le ministre, qui attend une lettre de la troïka, en principe mardi, pour avoir son accord à la solution proposée par Athènes sur l'un des problèmes en suspens, l'assainissement de l'industrie de défense EAS, lourdement endettée.
La proposition grecque consiste en une poursuite des activités de l'EAS pendant "une période transitoire d'un an, avec capacité d'exporter", ou en sa scission en deux si elle n'arrive pas toujours à être bénéficiaire.
Autres questions à résoudre d'ici à la fin de l'année entre la troïka et Athènes : le montant du trou budgétaire pour 2014, le projet de loi sur la nouvelle taxe foncière, la levée du moratoire sur les saisies immobilières, un changement dans les règles de licenciement collectif et la poursuite du plan de restructuration de la fonction publique.
Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a indiqué lundi soir que l'UE "espère que les conditions nécessaires seront rapidement remplies" par Athènes pour que la zone euro "soit en position" de verser la tranche "d'ici à la fin de l'année".
Des points noirs à régler
M. Dijsselbloem s'est dit conscient des "tensions sociales dans la société" grecque, qui rendent "de plus en plus difficile la mise en œuvre de mesures", notamment fiscales. Il a également souligné que le pays avait "fait de grands progrès en matière budgétaire en 2013", avec "un budget complètement sur les rails".
"Mais il reste du travail à accomplir, une partie est à portée de main, et d'autres choses nécessitent des réformes structurelles", a-t-il souligné.
De son côté le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a indiqué que la troïka fait des efforts pour clore autant de sujets que possible d'ici à la fin de l'année".
La presse grecque soulignait mardi que "les déclarations hasardeuses sur le retour de la troïka à Athènes" sont une sorte de pression sur Athènes pour accomplir ses engagements.
Selon le quotidien Kathimerini, le gouvernement s'inquiète sur le fait que ces déclarations portent atteinte à "l'image du pays concernant les avancées" des réformes, surtout en vue de la présidence semestrielle de l'UE que le pays doit assurer à partir du 1er janvier.
Kathimerini rapporte en tout cas que M. Stournaras et le premier ministre conservateur Antonis Samaras, en tête d'une fragile coalition gouvernementale droite-socialistes, ont "été en contact permanent lundi pendant la réunion de l'Eurogroupe" en vue d'aplanir la confusion.
Selon le journal, enfin, les flottements des derniers jours seraient imputables à "une récente note du FMI, estimant que le plan de redressement de l'économie grecque avait dérapé".