GENEVE (Reuters) - Il faudra lever un milliard de dollars pour faire en sorte que la fièvre Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest ne se propage pas à plus de quelques "dizaines de milliers" de personnes, a déclaré mardi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en parlant d'une épidémie sans précédent.
La maladie a fait 2.461 morts sur 4.985 personnes contaminées depuis que l'épidémie s'est déclarée en mars, selon le dernier bilan communiqué mardi par l'OMS.
"La crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés n'a pas d'équivalent dans l'époque moderne", a dit Bruce Aylward, directeur général adjoint de l'OMS, lors d'une conférence de presse à Genève. "Nous ne savons pas jusqu'où grimperont ces chiffres."
Il a ajouté que les précédentes estimations évoquant jusqu'à 20.000 contaminations ne semblaient plus si élevées désormais et que le nombre de cas pourrait même se chiffrer en dizaines de milliers à condition que la réaction de la communauté internationale soit "bien plus rapide".
L'OMS maintient néanmoins son objectif "d'inverser la courbe" du nombre total de cas de maladie d'Ebola d'ici trois mois, et certaines régions pourraient en être débarrassées avant, a ajouté Bruce Aylward.
D'après lui, une bonne partie de la Guinée, d'où l'épidémie est partie en mars, pourrait en finir avec l'épidémie à très court terme. En ce qui concerne le Sénégal et le Nigeria, où quelques cas ont été signalés, il a évoqué une fin de l'épidémie à "court terme".
Il ne s'est en revanche pas montré aussi optimiste pour le Liberia, pays le plus touché, qui, a-t-il dit, devra attendre encore des semaines, voire des mois avant de disposer de nouveaux centres sanitaires contre Ebola.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, compte lancer jeudi à New York une "coalition mondiale" pour combattre la maladie, a déclaré de son côté David Nabarro, coordinateur des Nations unies sur cette épidémie.
"Le montant que nous avions demandé le mois dernier s'élevait à 100 millions de dollars et aujourd'hui, il faut un milliard de dollars. Ce que nous demandons est dix fois supérieur à ce que nous réclamions il y a un mois", a-t-il expliqué à la presse.
"Etant donné la façon dont l'épidémie progresse, le niveau de mobilisation dont nous avons besoin est sans précédent, massif", a-t-il précisé.
(Tom Miles et Stephanie Nebehay, Bertrand Boucey et Eric Faye pour le service français)