La première tranche de l'impôt sur le revenu, celle à 5,5%, pourrait être supprimée par la prochaine loi de finances pour 2015, a indiqué mercredi Manuel Valls, en pointant un "haut-le-cœur fiscal" des Français.
Interrogé par France Inter sur les seuils concernés par la baisse d'impôt qu'il a annoncée la veille pour six millions de ménages l'an prochain, le Premier ministre a répondu: "la première tranche du barème de l'impôt sur le revenu pourrait être supprimée".
Il s'agit, a précisé le chef de gouvernement, de celle "qui impose à 5,5% la fraction de revenus par part fiscale comprise entre 6.000 et 12.000 euros environ".
"Ca fait partie de propositions que nous soumettrons au Parlement", a dit M. Valls, soulignant que les ministres des Finances et du Budget Michel Sapin et Christian Eckert en diraient plus prochainement.
Le Premier ministre a expliqué que c'est cette suppression de la première tranche qui permettrait la baisse d'impôts pour six millions de ménages (dont un million exemptés) qu'il avait annoncée mardi: "du coup, l'impôt sera allégé pour plus de 6 millions de ménages, les classes moyennes, soit un tiers des contribuables effectivement imposés, entre la réforme de cette année et la réforme de l’année prochaine", a-t-il dit.
Il a cité deux exemples: "pour un retraité à 1.400 euros par mois de pension, ce sera 230 euros d’impôts sur le revenu en moins et depuis 2013, 330 euros".
Pour un couple salarié avec trois enfants gagnant 4.200 euros par mois à deux, "ce sera plus de 1.100 euros de baisse d'impôts".
M. Valls avait auparavant dit qu'il fallait réduire les prélèvements "parce que depuis quatre ans, les Français subissent les impôts, une espèce de haut-le-cœur fiscal, de ras-le-bol fiscal". Le gouvernement avait annoncé au printemps une baisse d'impôts pour les ménages en 2015, mais sans préciser les détails.
Manuel Valls veut "débattre" avec Nicolas Sarkozy et l'opposition sur le "modèle social" en argumentant "projet contre projet" et "chiffrages contre chiffrages".
"Je veux que nous débattions sur notre modèle social (...) avec lui, avec l'opposition, parce que je pense que le pays a besoin d'un vrai débat. Le pays depuis six mois est plongé dans un débat qui ne concerne que la gauche sur +faut-il telle ou telle mesure qui permette de corriger tel ou tel aspect+. Ca n'est pas ça le sujet!", a déclaré le Premier ministre sur France Inter.
"Quand la droite quand l'opposition - c'est son droit - propose 100 ou 150 milliards d'économies, de coupes budgétaires supplémentaires, il faut qu'elle dise aux Français combien d'enseignnts en moins, combien d'infirmières en moins, combien de policiers en moins, combien de gendarmes en moins, combien de juges en moins, combien de services publics en moins, combien de militaires en moins", a-t-il poursuivi.
"Il faut un langage de vérité, et, projet contre projet, chiffrages contre chiffrages, le débat démocratique, le vrai, la seule confrontation au sens le plus noble du terme, sera alors possible. Et Nicolas Sarkozy veut y participer, eh bien nous le jugerons aussi sur l'Etat dans lequel il a laissé le pays avec ses trois déficits: déficit de croissance, déficit public, déficit du commerce extérieur et une société profondément fracturée", selon le chef du gouvernement.
"C'est pas en deux ans, pas en six mois qu'on règle les problèmes de ce pays", a-t-il fait valoir. "Comment nous préservons le modèle social, oui, je crois que le modèle social doit être réformé mais qu'il est issu aussi d'une longue histoire sociale (...), de luttes, politique, de valeurs où l'Etat joue un rôle important même s'il doit se réformer pour protéger les plus faibles".
Manuel Valls a en outre appelé mercredi les pilotes d'Air France à "arrêter" leur grève, qui n'est "pas comprise", au troisième jour du conflit qui paralyse une grande partie des vols de la compagnie.
"Il est regrettable qu'une seule catégorie, en l'occurrence les pilotes, puisse mettre à l'arrêt le transport aérien dans le pays", a déclaré le Premier ministre sur France Inter, en rappelant que "l'ensemble des personnels de la compagnie, en particulier au sol, ont consenti d'importants efforts pour sauver la compagnie".
"Ce conflit social doit s'arrêter. Je demande vraiment aux pilotes d'Air France d'arrêter ce conflit, de se mettre autour de la table, d'avancer, leur statut n'est pas remis en cause, c'est l'avenir de la compagnie Air France qui est en jeu, et le dialogue social doit nous sortir de ce conflit", a-t-il ajouté.