Le géant gazier russe Gazprom a enregistré au premier semestre un bénéfice net en chute de 23% sur un an, plombé en particulier par la dette de l'Ukraine, selon les résultats annoncés mardi par la compagnie.
Le bénéfice net s'est élevé entre janvier et juin à 450,5 milliards de roubles (8,7 milliards d'euros), pour un chiffre d'affaires en hausse de 12% à 2.873 milliards de roubles (55,7 milliards d'euros).
Ces résultats sont plus mauvais que ceux attendus par les analystes qui tablaient sur un bénéfice net d'environ 484 milliards de roubles (9,3 milliards d'euros).
Le groupe public a notamment dû passer une provision de 215,8 milliards de roubles (4,2 milliard d'euros) dans ses comptes due à la dette de Kiev, à qui il a fini par couper ses livraisons en juin.
Cette provision a entraîné une hausse de 31% de ses dépenses d'exploitation à 2.248 milliards de roubles (43,6 milliards d'euros). Par conséquent, le bénéfice d'exploitation a chuté de 25% à 639 milliards de roubles (12,4 milliards d'euros) sur les six premiers mois de 2014 par rapport à la même période un an auparavant.
Les ventes de gaz sont en hausse de 7% à 1.586 milliards de roubles (30,8 milliards d'euros). Pour l'Europe, son principal marché hors de la Russie et sa principale source de bénéfices, elles ont aussi augmenté de 7% à 883 milliards de roubles (17,1 milliards d'euros), soutenues notamment par une augmentation du prix moyen.
Sur le deuxième trimestre, le bénéfice net a néanmoins augmenté d'environ 13% sur un an à 227,5 milliards de roubles (4,4 milliards d'euros).
Le chiffre d'affaires a lui aussi grimpé, atteignant 1.315 milliards de roubles (25,5 milliards d'euros) entre avril et juin 2014, contre 1.106 milliards de roubles (21,5 milliards de roubles) à la même période de 2013.
Les analystes d'Alfa Bank expliquent ces hausses par une augmentation des volumes d'exportation mais aussi par la faiblesse du rouble.
Toutefois, de même que les experts de VTB Capital, ils expriment leur inquiétude quant à la provision qu'a dû passer le groupe en raison des impayés ukrainiens.
"Les actions Gazprom évoluent en ce moment davantage en fonction de facteurs politiques que de facteurs opérationnels et financiers", a d'ailleurs souligné VTB Capital dans une note.
Le groupe public russe est sous pression dans l'Union européenne qui cherche à réduire sa dépendance au gaz russe et craint des perturbations dans les approvisionnements transitant par l'Ukraine pendant la période hivernale à cause du conflit entre Moscou et Kiev.
La Russie avait décidé d'accorder à l'Ukraine fin 2013 une réduction sur laquelle elle est revenue après l'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev fin février. Depuis, les autorités ukrainiennes refusent de payer et Gazprom a cessé toute livraison mi-juin.
De nouvelles négociations, réunissant l'UE, la Russie et l'Ukraine et visant à régler leur contentieux gazier avant l'hiver, doivent avoir lieu à Berlin le 21 octobre.
Une proposition de règlement prévoit le paiement par Kiev de 3,1 milliards de dollars de factures impayées dues à Gazprom, dont une première tranche de 1,5 milliard avant la fin de l'année.
La partie russe avaient auparavant évoqué le montant de deux milliards de dollars à payer avant la fin octobre mais a revu à la baisse ses exigences, a indiqué lundi le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak, cité par les agences de presse.
En contrepartie, Gazprom s'engage à reprendre les livraisons de gaz à l'Ukraine, suspendues depuis juin, au prix de 385 dollars les 1.000 m3.
Mais l'Ukraine exige de son côté la signature d'un nouveau contrat.