DAKAR (Reuters) - François Hollande a affirmé samedi à Dakar que l'Afrique était entrée dans l'histoire et était "aussi une partie de notre avenir", dans une réponse au discours prononcé il y a sept ans par Nicolas Sarkozy dans la capitale sénégalaise.
Le chef de l'Etat, qui participe ce week-end au sommet de la Francophonie, s'est rendu en fin de journée sur la tombe du premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, mort en France en 2001.
A sa sortie du cimetière où le poète est enterré, et en réponse à une question sur l'héritage laissé par cet ancien académicien, François Hollande a estimé que Léopold Sédar Senghor avait "montré qu'il avait le sens de l'histoire."
Puis il a livré un plaidoyer contraire au discours qu'avait prononcé Nicolas Sarkozy en juillet 2007, deux mois après son élection à la présidence française, à l'université Cheick-Anta-Diop où son auditoire africain avait peu goûté ses paroles.
"L'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire", avait-il dit, estimant qu'il s'agissait là du "drame de l'Afrique".
"Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance", avait-il poursuivi. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès."
Sans citer son prédécesseur, François Hollande lui a répondu samedi, dans un moment particulièrement choisi puisque Nicolas Sarkozy espérait être élu, en début de soirée, à la présidence de l'UMP et gagner ainsi la première étape d'une nouvelle course vers l'Elysée.
"Je n'oublie pas que l'Afrique, c'est le berceau de l'humanité. C'est l'Afrique qui a fait notre propre histoire, l'histoire de l'humanité", a dit François Hollande en sortant du cimetière où est enterré Léopold Sédar Senghor.
PLEIN DE RICHESSES
"Ensuite, c'est l'Afrique qui montre qu'elle va être le grand continent de l'avenir. Parce que c'est ici en Afrique que vont se produire les plus grandes évolutions", a-t-il ajouté.
"Démographique, qu'il va falloir maîtriser. Economique, parce que c'est un continent plein de richesses et donc de potentialités de croissance. Et un enjeu pour l'expression du francais. L'Afrique est non seulement dans l'histoire mais l'Afrique est, si je puis dire, aussi une partie de notre avenir."
Auparavant, François Hollande s'était attaché à réparer une autre vexation : l'absence, en 2001, du président français d'alors, Jacques Chirac, et de son Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, aux obsèques du poète.
"En 2001, quand le président Senghor est décédé, la France avait bien sûr rendu hommage à celui qui avait servi la République, servi son propre pays, le Sénégal, et servi la langue française", a-t-il dit.
"Mais il n'y avait pas eu, c'est vrai, la présence du président, du Premier ministre, et je crois que ça avait été mal compris par les Sénégalais", a-t-il ajouté.
"Il était très important que plusieurs années après je vienne, au nom de l'ensemble de mes prédécesseurs et au nom du peuple français, pour dire ce que nous avons comme reconnaissance et comme gratitude à l'égard du président Senghor."
(Elizabeth Pineau, avec Gregory Blachier à Paris)