La banque centrale indienne a relevé mardi ses principaux taux d'intérêt à leurs plus hauts niveaux depuis début 2008 pour contenir une inflation galopante qui inquiète le gouvernement de centre-gauche.
La Reserve Bank of India (RBI) est la banque centrale qui pratique l'une des plus agressives politiques monétaires dans la région, alors que l'Inde est en train de retrouver son insolent rythme de croissance d'avant la crise financière mondiale.
La RBI avait déjà relevé six fois ses taux en 2010 pour tenter de maîtriser l'inflation qui a atteint 8,43% en décembre, alimentée par l'envolée des prix des denrées alimentaires et du carburant.
En quelques mois, le prix de l'oignon, un ingrédient de base pour la préparation de nombreux plats indiens, a ainsi triplé à 80 roupies le kilo (1,3 euro), provoquant le mécontentement de la population.
Conformément aux prévisions des analystes, le repo, le taux auquel la RBI prête aux banques commerciales, et le reverse repo, le taux d'intérêt que les banques reçoivent quand elles placent des avoirs à la banque centrale, ont été augmentés de 25 points de base, respectivement à 6,5% et 5,5%.
Le gouverneur de la RBI, Duvvuri Subbarao, a déclaré dans un communiqué que l'inflation restait à "des niveaux élevés" nécessitant de nouvelles mesures pour enrayer l'envolée des prix et les "prévisions inflationnistes".
"L'inflation est une préoccupation majeure. Nous allons persister dans notre position monétaire anti-inflationniste", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse.
Après la décision de la banque centrale, les actions sont passées sous le seuil des 19.000 points à la Bourse de Bombay, terminant en baisse de 0,95% à 18.969,45 points, le marché s'attendant à une nouvelle hausse des taux.
"Nous pensons que la RBI va de nouveau augmenter ses taux" en février, a commenté Rupa Rege Nitsure, économiste en chef à la banque publique Bank of Baroda.
Selon Jigar Shah, de la maison de courtage Kim Eng Securities, la banque centrale devrait relever ses taux de 75 à 100 points de base supplémentaires d'ici les 15 prochains mois.
La banque centrale a maintenu ses prévisions de croissance de 8,5% pour l'année budgétaire qui s'achève en mars. Mais elle a augmenté ses prévisions pour l'inflation: elle table désormais sur un taux annuel de 7% alors qu'elle visait jusqu'à présent une inflation de 5,5%.
Le gouvernement dirigé par le parti du Congrès (centre gauche) est sous pression depuis près d'un an pour lutter contre l'envolée des prix qui durcit encore davantage les conditions de vie des millions d'Indiens vivant sous le seuil de pauvreté.
Cette envolée des prix, associée à une série de scandales de corruption, malmène depuis plusieurs mois le gouvernement du Premier ministre Manmohan Singh. Ce dernier a annoncé la semaine dernière un léger remaniement, prélude un plus vaste changement ministériel.
L'envolée des prix des denrées alimentaires concerne d'autres pays d'Asie et les gouvernements craignent une répétition de la crise de 2008 qui avait entraîné émeutes et manifestations.
La Chine pourrait à son tour relever ses taux directeurs le mois prochain pour lutter contre une inflation qui a atteint 4,6% en décembre.
Les économistes sont toutefois divisés sur l'efficacité d'un relèvement des taux pour lutter contre l'inflation soulignant que la hausse des prix est souvent due à un mélange complexe de facteurs liés à l'offre et la demande.