L'agence de notation Standard & Poor's a confirmé lundi la méfiance des marchés sur la solvabilité de la Grèce, avec une nouvelle dégradation de sa note, alors que le pays négocie l'élaboration d'un deuxième plan de soutien européen pour pouvoir servir sa dette en 2012.
Un peu plus tard, l'agence Moody's menaçait de son côté d'abaisser la note de la Grèce, éventuellement de plusieurs crans, à la suite de la révision à la hausse du déficit public du pays et de ses inquiétudes sur la solidité de son économie.
Devant l'ampleur des difficultés rencontrées par le pays, les Européens envisagent d'apporter une aide supplémentaire à la Grèce afin de se "substituer aux marchés en 2012", a indiqué lundi à l'AFP une source européenne, tandis que le chef de la zone euro Jean-Claude Juncker avait estimé samedi que la Grèce nécessitait un "programme d'ajustement supplémentaire".
De fait, la dette de la Grèce, qui pesait 115% du PIB au lancement en mai 2010 du premier plan de sauvetage du pays, via un prêt de 110 milliards de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, aura gonflé à 152% fin 2011.
Certes, le déficit public a été réduit de 5 points de PIB en un an, mais les rentrées fiscales restent mauvaises en raison de la fraude et de la récession.
Résultat, alors qu'Athènes avait initialement prévu de retourner progressivement sur les marchés en 2012, les taux pour s'endetter planent aujourd'hui au-dessus du taux prohibitif de 15%.
Sur le marché obligataire, les taux longs à dix ans grecs se sont en effet inscrits à 15,553% contre 15,350% vendredi à la clôture et ceux à deux ans à 24,843% contre 24,581%.
L'agence de notation Standard & Poor's a en conséquence invoqué l'accroissement de la probabilité d'une restructuration de la dette grecque pour abaisser lundi de deux nouveaux crans la note du pays, ramenée à "B", contre "BB-", dans la catégorie des emprunteurs peu fiables.
Selon S&P, les gouvernements de la zone euro pourraient être tentés d'accorder un nouveau sursis à la Grèce pour rembourser le prêt UE-FMI, et d'exiger un effort similaire de la part des créanciers privés du pays ce qui équivaudrait à un défaut partiel du pays.
Le ministère grec des Finances a rejeté cette dégradation, justifiée par "aucune information ou décision nouvelle", en estimant que S&P s'exposait en conséquence à une "mise en doute de la validité" de ses évaluations.
Moody's a souligné dans un communiqué qu'elle pourrait abaisser sa note de plusieurs crans si son examen de la situation du pays mettait en évidence que son endettement n'était pas tenable sur la durée.
Pour l'agence, une telle situation "augmenterait sensiblement la possibilité d'une restructuration à court ou moyen terme de la dette" du pays.
Face aux ratés du plan de redressement grec, l'affolement qui a saisi les marchés vendredi soir après l'annonce surprise par le Spiegel que la Grèce pourrait quitter la zone euro --hypothèse démentie par Athènes et les grands acteurs européens-- atteste d'un bras de fer en cours entre les tenants des scénarios possibles pour sortir de l'ornière.
Le ministre grec des Finances souhaiterait un achat des obligations grecques par le nouveau Fonds européen de secours, alors que la Grèce doit en 2012 trouver 41 milliards d'euros pour assurer les échéances de service de sa dette non couvertes par le prêt UE-FMI.
Les ministres de la zone devraient se prononcer le 16 mai sur le sujet.
D'ici là, une mission commune de la Commission et la Banque centrale européennes et du FMI mènera à partir de mardi à Athènes une mission d'évaluation du programme de redressement lancé il y a un an.
Cependant, la décision de S&P n'a eu qu'un effet modeste sur les marchés. Les taux longs grecs se sont tendus modérément, alors que le petit rebond de l'euro s'est essoufflé peu après l'annonce.