PARIS (Reuters) - L'action de Renault (PA:RENA) grimpe, lundi en milieu de matinée, à la Bourse de Paris, après des déclarations rassurantes des dirigeants de l'alliance Renault-Nissan dans un entretien au Wall Street Journal sur la capacité du constructeur à surmonter la crise provoquée par l'épidémie de coronavirus.
A 10h35, le titre Renault prend 9,59% à 17,328 euros, signant la plus forte hausse du CAC 40 qui progresse de 2,79% au même moment.
A la Bourse de Tokyo, son partenaire japonais Nissan (T:7201) a, lui, clôturé en progression de 8,21% à 341,4 yens.
Dans une interview au quotidien financier, Jean-Dominique Senard, président du conseil de Renault, et le directeur général de Nissan, Makoto Uchida, réaffirment leur intention de présenter des plans stratégiques à trois ans mi-mai en dépit de la chute brutale de leurs ventes.
"Si le plan n'est pas bien expliqué et digéré, alors le cours du titre ne va pas remonter et les gens ne croiront pas que Nissan peut se relever", explique le directeur général de Nissan dans l'entretien.
Depuis le début de l'année, l'action de Renault accuse une chute de 58% tandis que celle de Nissan a reculé de 46%.
"La situation est assez claire : nous ne dégageons pas de revenus car nous ne vendons pas", résume Jean-Dominique Senard.
Pour faire face, les deux constructeurs, qui ont été contraints de fermer une grande partie de leurs sites de production, prévoient de mettre un terme aux activités et aux produits qui ont peu de chances de devenir rentables.
Selon le Wall Street Journal, qui cite des sources au fait du dossier, Nissan pourrait ainsi fermer des usines en Espagne et Renault pourrait retirer sa marque éponyme de Chine.
Les travaux de recherche et d'ingénierie pourraient être divisés pour éviter les doublons, ajoute le quotidien selon lequel les constructeurs prévoient de doubler le nombre de pièces que les deux fabricants partagent pour en porter la proportion à 75-80%.
Face à la chute de leurs revenus, les deux constructeurs se montrent en outre rassurants sur leur trésorerie.
Renault peut faire appel à des crédits garantis par l'Etat qu'il n'a pas encore sollicités et dispose d'une ligne de crédit de 3,5 milliards d'euros tandis que Nissan peut faire usage de ligne de crédit représentant environ 12 milliards de dollars.
"Le discours se veut plutôt rassurant dans un contexte ou les constructeurs automobiles sont fortement malmenés par les marchés et ce à juste titre compte tenu de la baisse drastique du chiffre d’affaire de l’ère Covid-19", estime Grégoire Laverne, gérant actions européennes à Apicil Asset Management.
JPMorgan (NYSE:JPM) de son côté a abaissé son objectif de cours sur Renault de 30 à 20 euros mais le broker a maintenu sa recommandation sur la valeur à "surpondérer".
"Nous continuons à soutenir notre thèse selon laquelle tous les constructeurs et la plupart des fournisseurs disposent de lignes de crédit et de lignes de secours prêtes pour faire face à la consommation de cash du premier semestre 2020", écrivent les analystes. "Par conséquent, nous ne voyons aucune de nos valeurs faire appel à une aide d'Etat exceptionnelle".
L'autre constructeur automobile français PSA (PA:PEUP) est également en faveur en Bourse. Le groupe a annoncé ce lundi avoir renforcé sa sécurité financière par une nouvelle ligne syndiquée de 3 milliards d’euros.
(Gwénaëlle Barzic, Sudip Kar-Gupta et Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)