Le Premier ministre grec Georges Papandréou a inopinément renoncé samedi à se rendre aux Nations Unies à New York en raison de la crise aigue du pays qui peine à convaincre ses créanciers européens de poursuivre leur soutien financier.
La décision de M. Papandréou a été annoncée samedi soir, peu après la fin d'une réunion informelle de la zone euro sur la crise de la dette à Wroclaw en Pologne, au cours de laquelle les pays membres ne sont pas parvenus à s'entendre sur la concrétisation du second plan d'aide à la Grèce, d'un montant de 160 milliards d'euros, dont le principe avait été décidé le 21 juillet.
L'application de ce plan, crucial pour éviter un défaut de paiement de la Grèce et protéger la zone euro d'un effet domino dans la crise de la dette, dépend du feu vert de chacun de 17 pays membres.
Mais nombre de ces derniers restent très critiques vis-à-vis d'Athènes et du retard pris dans la réalisation des mesures structurelles réclamées par ses créanciers, l'UE et le FMI.
Convié exceptionnellement à la réunion de Wroclaw, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner s'est alarmé vendredi des divisions en Europe sur les meilleurs moyens de régler la crise, notamment entre les gouvernements et la Banque centrale, dirigée par Jean-Claude Trichet. Les divisions affichées au grand jour ont également suscité l'indignation publique de l'ex-président de la Commission européenne Jacques Delors.
Dans ce contexte, M. Papandréou qui avait quitté Athènes vendredi soir pour Londres où il avait fait escale avant son départ prévu samedi pour New York, a décidé de rebrousser chemin, selon une source gouvernementale.
L'édition anglophone du quotidien grec Kathimérini avait critiqué samedi matin le départ de M. Papandréou, "à un moment critique où une série de questions difficiles sont en cours et tous les fronts sont ouverts à la fois en Grèce et dans le monde".
M. Papandréou devait participer aux travaux à l'ONU le 20 septembre sur la question de la reconnaissance d'un Etat palestinien et s'entretenir de la crise avec Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI).
L'annulation du voyage a été décidée, car "la semaine prochaine" s'annonce "particulièrement cruciale pour l'application des décisions du 21 juillet dans la zone euro et pour les initiatives que la Grèce doit entreprendre", a indiqué un communiqué laconique de ses services.
Le gouvernement grec s'est engagé à mettre en oeuvre immédiatement des mesures d'économie budgétaire promises depuis longtemps portant sur une réduction de la fonction publique, la mise en place d'une grille unique de salaires ainsi que des privatisations.
En échange il espère pouvoir convaincre les créanciers du pays de débloquer la sixième tranche (de 8 milliards d'euros) du premier prêt de 110 milliards d'euros accordé au pays en 2010 par UE, FMI et BCE.
Comme chaque fois à la veille du versement de ces fonds, la troïka presse le pays, en retard sur l'application des réformes, d'accélérer le pas.
Les marchés anticipent que la Grèce sera en défaut de paiement en octobre si elle ne reçoit pas cette tranche.
Et la zone euro a prévenu vendredi qu'elle ne prendrait pas de décision avant octobre sur le déblocage de cette tranche.
Les chefs de la "troïka" des créanciers avaient quitté le pays le 2 septembre, mécontents de l'avancée de son plan de redressement.
Athènes a reconnu que les objectifs budgétaires fixés par les créanciers n'avaient pas été atteints, en raison notamment d'une récession plus dure que prévu, mais a réaffirmé sa "détermination" à poursuivre les efforts demandés.
A défaut de se trouver sur le sol grec, les responsables de la troïka ont prévu de s'entretenir lundi par téléphone avec le ministre des Finances grec Evangélos Vénizélos.