Une remise en marche, à défaut d'un rebond spectaculaire: après six mois de croissance atone, l'économie française a retrouvé des couleurs au troisième trimestre, portée notamment par la hausse des exportations et le rebond de la consommation.
Fini le "trou d'air" du début d'année et sa cohorte de mauvaises nouvelles économiques. Selon une première estimation publiée mardi par l'Insee, la croissance a atteint 0,4% en France cet été, alors qu'elle avait plafonné à 0,2% aux deux trimestres précédents.
Ce chiffre est cependant inférieur aux dernières prévisions de l'organisme public, de la Banque de France et de l'OFCE, qui tablaient de façon unanime sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% au troisième trimestre.
Selon l'Insee, la production s'est redressée dans le secteur manufacturier (+0,8% après -0,1% au trimestre précédent) et les services (+0,6% après +0,4%) mais a marqué le pas dans le secteur de la construction.
Le redémarrage de l'activité s'explique principalement par la reprise de la demande intérieure, qui a contribué à la croissance du PIB à hauteur de 0,5 point, d'après l'institut statistique.
La consommation des ménages, qui avait reculé de 0,1% au deuxième trimestre, a ainsi rebondi de 0,5% au troisième trimestre, tant dans le secteur des services (+0,3%) que dans celui des biens (+0,6%).
Le rebond de l'activité a également été permis par l'investissement des entreprises, qui a de nouveau fortement progressé (+0,8% après +0,9% au deuxième trimestre), notamment dans les activités informatiques et dans l'automobile.
Il a enfin été rendu possible par l'amélioration du commerce extérieur: entre juillet et septembre, les exportations ont ainsi grimpé de 0,7% (après +0,1%), tandis que les importations ont ralenti (+0,3% après +0,7%).
Les échanges extérieurs, talon d'Achille de l'économie française, ont ainsi contribué "positivement à la croissance" à hauteur de 0,1 point, après l'avoir pénalisée de 0,2 point au deuxième trimestre, souligne l'Insee.
- "sources d'impulsion" -
Ce rebond économique était largement anticipé par les économistes mais aussi par le gouvernement, qui avait qualifié ces dernières semaines l'activité hexagonale de "solide", malgré la mauvaise passe du premier semestre.
Il s'avère toutefois insuffisant pour permettre à l'économie tricolore de renouer avec le rythme de croissance atteint l'an dernier, à savoir 2,2% (2,3% en données corrigées des jours ouvrés).
"L'économie manque de sources d'impulsion et les indicateurs suggèrent, mois après mois, que l'année 2017 était exceptionnelle", estime Philippe Waechter, économiste Ostrum Asset Management.
Selon l'Insee, "l'acquis de croissance" -- c'est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l'activité devait stagner d'ici la fin de l'année -- atteignait ainsi 1,5% à la fin du mois de septembre.
Sur l'ensemble de l'année 2018, l'organisme public prévoit une croissance de 1,6%. Cette hypothèse est en ligne avec les prévisions de la Banque de France ou de l'OCDE, mais inférieure à celle du gouvernement, qui table sur une hausse du PIB de 1,7% en 2018 et 2019.
"La conjoncture française ralentit plus vite qu'anticipé par le gouvernement", souligne Philippe Waechter, pour qui "la dynamique de l'économie française" est revenue "sur sa tendance d'avant 2017".
"Le climat des affaires était au beau fixe après l'élection d'Emmanuel Macron. Aujourd'hui, il se dégrade", abonde Alexandre Mirlicourtois, économiste chez Xerfi, qui s'inquiète notamment de la "hausse des prix des carburants" et des "risques géopolitiques".
Des risques contre lesquels l'Insee elle-même a mis en garde, en évoquant dans sa note de conjoncture publiée début octobre des "incertitudes internationales qui persistent", en raison notamment des "tensions protectionnistes" et "des incertitudes politiques en Europe".