Le fabricant de jouets américain Mattel a annoncé jeudi une nouvelle cure d'austérité, prévoyant des suppressions d'emplois et des fermetures d'usines, afin d'économiser en tout 650 millions de dollars lors des deux prochaines années.
Le propriétaire de la célèbre poupée Barbie a également décidé de suspendre le versement du dividende au quatrième trimestre, une mesure qui pourrait lui permettre d'économiser 50 millions de dollars supplémentaires.
La restructuration annoncée va entrainer "une réduction des effectifs globaux", a déclaré le directeur financier Richard Dickson, lors d'une conférence téléphonique.
"Nous allons faire attention à ne pas toucher aux personnels côtoyant les clients" au quotidien, a-t-il ajouté, sans donner davantage de détails ni sur le nombre d'emplois qui vont être supprimés, ni sur les zones géographiques concernées, ni sur les métiers affectés.
Mattel prévoit de simplifier son processus de prise de décision, en éliminant des postes de managers intermédiaires jugés "superflus" et va également fermer des usines, réorganiser sa chaîne logistique et se débarrasser de 40% de ses marques pour ne se concentrer que sur des produits phares, tels Barbie ainsi que les jeux pour bébés et d'éveil Fischer-Price.
La société, qui avait déjà un programme d'économies de 200 millions de dollars en cours, suspend également le recours aux consultants externes et aux CDD.
"Le but est d'avoir une structure de coûts adaptée pour améliorer nos marges", a souligné Margaret Georgiadis, arrivée à la tête du groupe en février.
Cette cure d'austérité intervient au moment où le groupe a essuyé une perte nette de 603,3 millions de dollars au troisième trimestre 2017. Il avait enregistré un bénéfice net de 236,3 millions de dollars sur la même période l'an dernier.
- Le titre s'effondre en Bourse -
"Notre performance du troisième trimestre est clairement décevante", a reconnu la dirigeante, expliquant que les résultats ont été plombés par une charge fiscale de 561,9 millions de dollars, la faillite du distributeur de jouets Toys "R" Us et une mauvaise gestion des stocks.
La plupart des marques ont connu un passage à vide: les ventes de Barbie ont baissé de 6%, celles de Fischer-Price de 15%. Les recettes des produits American Girl ont plongé de 30% et celles des jeux de construction (Mega Bloks) ont dévissé de 29%.
Quant au distributeur Toys "R" Us, qui a déposé récemment son bilan, il vendait les jouets Mattel dans ses magasins à travers le monde et avait ainsi contribué pour 11% aux ventes totales en 2016.
Au moment de sa banqueroute, il a annoncé devoir 135,64 millions de dollars à Mattel.
Le chiffre d'affaires trimestriel du fabricant de jouets a plongé de 13% au troisième trimestre 2017, à 1,56 milliard de dollars, bien en deçà du 1,82 milliard escompté en moyenne par les analystes financiers.
Mattel a toutefois promis jeudi que ses ventes allaient se "stabiliser" au quatrième trimestre, "ce qui va se traduire par une baisse d'environ 5% des ventes annuelles comparé à 2016", a noté Richard Dickson, le directeur financier.
À Wall Street, le titre s'est effondré de près de 20% jeudi dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance. Il a perdu plus de 44% de sa valeur depuis janvier.
Mme Georgiadis, qui a travaillé chez Google (NASDAQ:GOOGL), a promis que Mattel allait muscler son offensive dans le numérique, en mettant l'accent sur les jouets connectés et en se renforçant dans les jeux vidéo pour redynamiser les ventes.
L'une de ses premières initiatives a été de faire évoluer le look de Ken, le célèbre fiancé de Barbie au brushing impeccable, qui apparaît désormais en trois morphologies: mince ("slim"), costaud ("broad") et classique ("original").
Le plan de relance présenté en juin par la nouvelle patronne donne aussi la priorité aux marchés émergents, notamment la Chine où le groupe californien vient de s'associer au géant du commerce en ligne Alibaba (NYSE:BABA) et au site dédié aux parents Baby Tree.