par Mathieu Rosemain
PARIS (Reuters) - BNP Paribas (EPA:BNPP) chutait lourdement jeudi à la Bourse de Paris après avoir fait état de résultats inférieurs aux attentes au quatrième trimestre, sous l'effet d'une série de charges exceptionnelles et d'un affaiblissement des activités liées au crédit consommation et à l'immobilier commercial, conduisant la première banque française à réviser à la baisse certains de ses objectifs pour 2025.
A 12h02, l'action reculait de 7,91% à 57,6 euros, sa plus forte baisse en séance depuis mars 2023. Elle entraînait dans son sillage Société Générale (EPA:SOGN) (-2,83%), Crédit Agricole (EPA:CAGR) (-2,17%) et l'indice Stoxx du secteur bancaire (-0,86%).
Au quatrième trimestre, le résultat net part du groupe de BNP Paribas a accusé une chute de 50% sur un an, à 1,07 milliard d'euros, en deça estimations des analystes qui tablaient en moyenne sur 1,74 milliard d'euros, d'après un consensus compilé par BNP Paribas.
Le produit net bancaire du groupe au quatrième trimestre a progressé de 0,1% à 10,9 milliards d'euros, là aussi en dessous des attentes des analystes qui tablaient en moyenne sur 11,4 milliards d'euros.
L'écart des résultats de BNP avec les prévisions s'explique en partie par la constitution d'une provision de 645 millions d'euros pour couvrir des "charges nettes pour risque sur instruments financiers", la moitié ce montant correspondant à un litige de longue date portant sur des prêts hypothécaires en Pologne.
Au quatrième trimestre, le produit net bancaire de la banque d'investissement (CIB) a reculé de 2,6%, pénalisé par une baisse de 32% des revenus des activités sur les taux, devises et matières premières (FICC).
La performance du pôle Investment et Protection Services (IPS) a été aussi plus mauvaise que prévu, avec une baisse de 12,9% des revenus sur le dernier trimestre de 2023.
RÉVISION DES OBJECTIFS 2025
BNP a par ailleurs revu à la baisse ses perspectives de ROTE (rentabilité des fonds propres tangibles), indiquant ne pas être en mesure d'atteindre son objectif de 12% avant 2026 en raison de "différentes décisions d'autorités publiques", dont les nouvelles exigences de la Banque centrale européenne en matière de réserves obligatoires.
Le groupe anticipe désormais un ROTE entre 11,5% et 12% en 2025 et a également réduit son objectif de taux de croissance annuel moyen du résultat net part du groupe sur la période 2022-2025 à environ 8%, contre plus de 9% précédemment.
"La dégradation des objectifs 2025 est décevante, même si le consensus est légèrement en dessous de la prévision ajustée", commentent dans une note les analystes de RBC.
"Les tendances sur les revenus sont décourageantes mais la rémunération reste favorable aux actionnaires", soulignent pour leur part les analystes de JPMorgan (NYSE:JPM).
RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE
BNP Paribas, qui dispose d'une trésorerie de plus de 7 milliards d'euros après la vente de ses activités de détail aux États-Unis l'année dernière, a annoncé une hausse de 18% du dividende, à 4,60 euros en numéraire, ainsi qu'un programme de rachat d'actions de 1,05 milliard d'euros.
BNP Paribas a déjà utilisé trois milliards d'euros de capital depuis janvier 2022 et il lui reste 4,6 milliards d'euros à redéployer, a indiqué la banque dans sa présentation de résultats.
Les banques de zone euro ont augmenté leurs bénéfices et leur retour aux actionnaires ces derniers trimestres à la faveur de la hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE). Mais la conjoncture économique se dégrade et une baisse du coût du crédit est attendue.
"L'économie est plutôt en train de ralentir", a reconnu le directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, lors d'une conférence de presse.
"La BCE ne baisse pas ses taux courts, elle attend que l'inflation rentre dans les clous. Manifestement, ça prend un petit peu plus de temps que prévu. L'année 2024 de ce point de vue là ne nous sera pas très favorable", a-t-il ajouté.
(Reportage Mathieu Rosemain, version française Augustin Turpin et Blandine Hénault, édité par Kate Entringer)