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Les syndicats dénoncent un "coup" porté par Valls au dialogue social

Publié le 02/07/2014 16:25
Mis à jour le 02/07/2014 16:45
Les syndicats  dénoncent  un "coup" porté par Valls au dialogue social

A cinq jours de la conférence sociale, la décision de Manuel Valls de donner satisfaction à plusieurs demandes du patronat, en particulier sur la pénibilité, a fait l'effet d'une bombe mercredi auprès des syndicats qui dénoncent en choeur, réformistes comme contestataires, un "coup porté" au dialogue social.

Après les menaces des organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) de boycotter la conférence sociale, le Premier ministre a annoncé une série de mesures qui répondent à leurs exigences: report partiel à 2016 de la mise en place du compte pénibilité, révision du dispositif sur le temps partiel, demande de négociation syndicats-patronat pour simplifier le code de travail et revoir les seuils sociaux ouvrant des obligations aux entreprises.

Pour les syndicats réformistes, la CFDT en tête, qui ont appuyé depuis deux ans les réformes du gouvernement - en particulier la loi sur les retraites parce qu'elle comportait un volet sur la pénibilité - la couleuvre est difficile à avaler.

"Cette interview est une rupture en termes de dialogue social", a déclaré au Monde Laurent Berger numéro un de la CFDT. Selon lui, "le Premier ministre a cédé à l’ultimatum du Medef " qui "n'accepte pas qu’on crée des droits pour les salariés". Il a commis "une erreur".

Il voit dans les annonces du Premier ministre "une alerte très grave, un mauvais coup pour le dialogue social".

Pour autant, le leader de la CFDT ne remet pas en cause sa participation à la conférence sociale, mais prévoit "beaucoup de tensions" lundi et mardi au Palais d'Iéna qui abritera la grand-messe.

Jusqu’à présent principal partenaire syndical du gouvernement, la CFDT a opposé une fin de non recevoir à la demande du Premier ministre de négocier sur le code du travail. "Nous ne rentrerons pas dans une telle négociation d’autant plus qu’il faudrait que le patronat explique ce qu’il met aujourd’hui dans le dialogue social", a affirmé M. Berger.

Partisan du pacte de responsabilité, la CFDT s'inquiète désormais de voir le gouvernement pencher la balance du côté du patronat et de poursuivre ses aides aux entreprises au-delà de 2105, sans s'assurer des contreparties en termes d'emploi: '"pour 2016 et 2017, cela devra être conditionné aux engagements pris par les entreprises", martèle-t-il.

Pour montrer que le gouvernement "entendait aussi les organisations syndicales", la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé mercredi un geste en faveur des salariés exposée à des travaux pénibles et proches de la retraite.

-"Mouchoirs pour le patronat"-

L'Unsa, autre syndicat réformiste, juge les annonces du gouvernement, "sur le fond comme sur la méthode", comme "une entaille dans le dialogue social" et voit la conférence sociale "fragilisée".

Le gouvernement a cédé "au jeu de chantage du Medef" au risque de mettre à mal "la crédibilité des acteurs du dialogue social", a regretté la CFTC.

Le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, qui mettait déjà en doute l'utilité des conférences sociales, s'est dit "en colère". "Qu'on ne nous parle pas de dialogue social, moi j'appelle ça du diktat social", a-t-il lancé laissant planer un doute sur sa participation à la conférence sociale.

"Il suffit que le patronat éternue" pour que le gouvernement "lui apporte la boîte de mouchoirs!", a-t-il ironisé .

M. Mailly, qui a contesté la plupart des réformes gouvernementales, s'est dit réticent à une négociation sur le code du travail. "Nous ne négocions pas avec un revolver sur la tempe" et "on n'est pas aux ordres du gouvernement", a-t-il prévenu.

Les annonces du Premier ministre ont en revanche été saluées dans le camp patronal. La CGPME a levé sa menace de boycott, estimant que "le dialogue était à nouveau possible".

L'UPA (artisans) a jugé "salutaire l'ouverture dont fait preuve le Premier ministre" et le président du Medef Pierre Gattaz a salué "un discours encourageant". Le report partiel du compte pénibilité a été également bien accueilli par la FNSEA et la Fédération française du bâtiment (FFB).

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