LONDRES (Reuters) - Jusqu'à 31.000 combattants étrangers ont été recrutés ces dix-huit derniers mois par des groupes islamistes opérant en Syrie, à commencer par l'organisation Etat islamique (EI), estime Richard Barrett, ancien chef du renseignement britannique.
"L'Etat islamique a été couronné d'un succès qui va au-delà des rêves des autres groupes terroristes, lesquels semblent désormais conventionnels, voire désuets comme Al Qaïda", affirme cet ancien directeur de la lutte contre le terrorisme au sein du MI6, le service du renseignement extérieur britannique.
"En dépit d'un effort international soutenu pour contenir l'Etat islamique et réduire l'afflux de militants se rendant en Syrie, le nombre de combattants étrangers a plus que doublé", ajoute-t-il dans un rapport transmis à Reuters.
Sa nouvelle estimation oscille entre 27.000 et 31.000 djihadistes étrangers ayant gagné la Syrie ou l'Irak. En juin 2014, Barrett chiffrait leur nombre à 12.000 en Syrie.
Pour les services de renseignement occidentaux, ces combattants étrangers aguerris et radicalisés en Syrie sont considérés comme porteurs d'une menace à leur retour dans leur pays. Au moins trois des djihadistes impliqués dans les attentats du 13 novembre à Paris et aux abords du Stade de France sont passés par la Syrie. Un quatrième a été localisé un temps en Turquie voisine.
"Même si l'Etat islamique est une entreprise en difficulté et en déclin constant, elle sera en mesure d'influencer les actes de ses membres, et pourrait devenir plus dangereuse à mesure qu'elle s'éteindra", ajoute Barrett.
L'ancien maître-espion, aujourd'hui vice-président du Soufan Group, une société de consultants en stratégie et renseignement basée à New York, a repéré 86 pays d'origine (de la Norvège à l'Ouzbékistan) mais précise que la plupart de ces combattants étrangers sont des Arabes en provenance d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Les autorités tunisiennes chiffrent à plus de 3.000 le nombre de leurs citoyens partis se battre en Libye, en Syrie ou en Irak. Lui avance une estimation au double.
Il note aussi une forte croissance des combattants en provenance des pays et territoires de l'ex-Union soviétique, dont les républiques russes caucasiennes de Tchétchénie et du Daguestan.
Barrett, qui intègre à ses calculs ceux qui sont rentrés chez eux, chiffre à 5.000 le contingent des djihadistes venus de l'Union européenne, dont 3.700 issus de quatre pays: la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la Belgique.
(Guy Faulconbridge avec John Irish à Paris; Henri-Pierre André pour le service français)