L'indice élargi S&P 500, le plus suivi par les investisseurs américains, a apporté jeudi la confirmation d'une embellie que tous à Wall Street attendaient en battant à son tour son record d'avant la crise financière, trois semaines après le populaire indice Dow Jones.
Cet indice, qui sert de support à de nombreux produits dérivés, a clôturé à 1.569,19 points, battant son précédent record (1.565,15 points) franchi le 9 octobre 2007.
L'embellie n'est plus seulement un épiphénomène boursier, comme avait pu le laisser croire le premier d'une longue série de records du DJIA début mars, un indice moins représentatif mais plus célèbre.
Il se lit désormais dans la succession de sommets historiques atteints par différents indices, du DJIA au S&P 500, en passant par les moins connus comme le Russell 2000 ou le Dow Jones Transportation Average.
Très populaire auprès des petits porteurs et du grand public, le Dow Jones Industrial Average (DJIA) avait enchaîné huit records historiques consécutifs du 5 au 14 mars, avant d'atteindre de nouveaux zénith cette semaine.
Mais le nouveau record du S&P 500 "est une confirmation très importante pour les investisseurs" de l'optimisme du marché concernant la reprise de la première puissance économique mondiale, pour Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.
Cet indice "représente près de 80% de l'économie américaine, c'est la référence des références", explique Lee Munson, chef de la stratégie du fonds d'investissements Portfolio. "C'est la nouvelle qu'attendaient tous les investisseurs professionnels."
Après avoir touché le fond en mars 2009, emporté par les affres d'une crise financière mondiale, l'indice a su depuis profiter, à l'instar du Dow Jones, d'une politique de taux d'intérêt très bas, de bonnes données économiques et de bons résultats d'entreprises.
L'indice élargi dispose d'une assise bien plus large que le DJIA, comptant quelque 500 sociétés cotées aux Etats-Unis, contre 30 seulement pour le premier. Toutes ces entreprises affichent une capitalisation boursière supérieure à 4 milliards de dollars, les géants Apple, ExxonMobil et Google y occupant les premières places.
"Le comité en charge de sa composition s'attache à ce que tous les grands secteurs de l'économie américaine soit représentés proportionnellement à leur poids réel", explique David Blitzer, qui supervise la gestion de l'indice pour S&P Dow Jones Indices, une filiale de McGraw-Hill avec l'agence Standard & Poor's.
Parmi les 10 secteurs écononomiques du S&P 500, les domaines financiers et technologiques y sont les plus influents, loin devant les télécommunications ou même l'industrie. Le Dow Jones ne chapeaute que 6 secteurs seulement.
Mais c'est aussi la manière dont il est calculé qui le rend plus parlant, plus "propre" aux yeux des investisseurs, selon les termes de Art Hogan de Lazard Capital Markets.
"L'importance d'une action dans l'indice dépend de la valeur boursière totale" de l'entreprise qui l'émet et non de son seul cours en Bourse, comme dans le Dow Jones.
Ainsi, les craintes d'une distortion de l'indice rencontrées par exemple l'an dernier à l'égard d'une éventuelle entrée du géant Apple dans le Dow, lorsque son titre valait entre 600 et 700 dollars en 2012, ne sont ici pas justifiées.
"Aucun titre ne pèse plus de 4% sur le S&P 500", précise Nicholas Colas, de ConvergEx Group.
Si juste soit-il, l'indice reste toutefois au second rang dans l'esprit du public.
"Comme dans beaucoup de domaines, celui qui arrive le premier est celui qui dispose du meilleur mégaphone. Le cours du DJIA est publié dans le Wall Street Journal depuis 1896, le S&P 500 n'est là, sous cette forme, que depuis 1957", précise M. Blitzer.
"L'investisseur qui lit le journal et n'est pas vraiment professionnel pense au cours du Dow Jones. A la télévision, les nouvelles ouvrent sur le Dow Jones et s'il y a un krach en Bourse, c'est que le Dow Jones perd 14%", remarque M. Volokhine. "Mais pour le spécialiste, c'est le S&P 500".