La citadine électrique de Renault, la Zoé, est en cours d'arrivage dans les concessions du constructeur automobile en France avec plusieurs mois de retard, au moment même où l'engouement pour cette motorisation retombe.
La petite dernière de la marque au losange, que son PDG Carlos Ghosn doit présenter à la presse jeudi à Lisbonne, n'est pas son premier véhicule électrique. Renault commercialise depuis fin 2011 une version électrifiée de son utilitaire Kangoo, de sa berline Fluence ainsi que le quadricycle Twizy.
Mais Zoé est la première Renault à avoir été entièrement conçue pour être électrique, ce qui se traduit pour cette cinq places par la présence d'une boîte automatique, l'absence de bruit, ou encore une jauge indiquant le niveau de charge de la batterie sur le tableau de bord.
Il s'agit du modèle emblématique du tournant pris dans l'électrique par Renault, un des pionniers en la matière avec son partenaire japonais Nissan.
Les deux constructeurs ont investi ensemble 4 milliards d'euros dans cette technologie, préférée à l'hybride et Carlos Ghosn a longtemps prédit que l'électrique devrait représenter 10% du marché mondial en 2020.
Mais sa commercialisation a pris du retard à cause de problèmes touchant la tablette multimédia qui l'équipe.
La Zoé sera vendue en France à partir de 13.700 euros une fois déduit le bonus gouvernemental de 7.000 euros, puis dans 10 autres pays en Europe cette année. En Allemagne par exemple, où il n'y a pas de bonus, son prix monte à 20.600 euros.
A cela s'ajoute le coût de location de la batterie lithium-ion (79 euros par mois) et l'achat d'un chargeur à installer dans son garage ("wall box") car la Zoé ne se charge pas directement sur du 200 volts. Soit un surplus de 490 euros et 370 euros de frais d'installation.
Le constructeur vise des urbains roulant moins de 100 km/jour ou ceux ayant besoin d'une deuxième voiture.
Renault, qui prévoyait au départ de produire lui-même ses batteries, a fini par y renoncer et a confié cette tâche au sud-coréen LG Chem, qui pourrait implanter une usine en France. Une décision est attendue cette année.
Le constructeur reste muet sur ses objectifs de ventes. La presse avait parlé de 150.000 unités produites chaque année d'ici 2015, un chiffre non confirmé.
L'usine de Flins (Yvelines), unique centre de production à ce jour de la Zoé, en produit actuellement entre 60 et 80 par jour selon une source interne mais ce rythme va monter en cadence.
Ce modèle arrive au moment où l'enthousiasme pour l'électrique retombe. "Les grands effets d'annonces s'estompent et on prend conscience du temps qu'il faudra pour lancer ce marché", estime Bertrand Rakoto, analyste chez Polk. Carlos Ghosn lui-même s'est dit mi-février "déçu" par les ventes, même s'il réaffirmait croire "fortement au potentiel du véhicule électrique".
En France, qui se revendique comme le premier marché européen pour ce type de motorisation, moins de 6.000 véhicules ont été immatriculés l'an dernier et 5.700 prises sont accessibles au public.
Et en Europe, les constructeurs présents sur ce créneau n'ont pas rempli leurs objectifs, que ce soit le japonais Nissan avec la Leaf ou encore le français PSA Peugeot Citroën.
Le prix et la peur de tomber en panne constituent toujours des freins importants à l'achat, explique M. Rakoto.
Pour autant, l'électrique "a de vrais atouts et les automobilistes sont rarement déçus quand ils la testent", tempère Flavien Neuvy de l'observatoire spécialisé Cetelem.