Investing.com - Les marchés ont digéré ce mercredi une série d’annonces macroéconomiques de premier plan en provenance d’Allemagne et des États-Unis, qui confirment les dynamiques divergentes entre la zone euro et l’économie américaine en ce début de deuxième trimestre 2025.
Inflation allemande : une nouvelle baisse qui conforte la BCE
L’inflation en Allemagne est ressortie à 2,2% en avril sur un an, selon l’estimation préliminaire publiée par Destatis. Bien que légèrement au-dessus des attentes (2,1%), cette lecture marque un nouveau ralentissement après les 2,3% enregistrés en mars. Cela conforte les anticipations d’un abaissement des taux directeurs par la BCE dès juin, comme plusieurs responsables le laissent entendre depuis plusieurs semaines.
Cependant, un point d’attention demeure : l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a surpris à la hausse, atteignant 2,9% en avril contre 2,6% en mars. Une donnée qui pourrait susciter un peu plus de prudence à Francfort, mais ne semble pas de nature à remettre en cause le scénario d’un premier assouplissement monétaire au T2.
Emploi privé US : net ralentissement selon ADP (EPA:ADP)
Aux États-Unis, les chiffres de l’emploi privé ADP ont surpris négativement. Seulement 62 000 créations d’emplois ont été enregistrées en avril, bien en-deçà des 114 000 attendus. C’est le plus faible résultat depuis juillet 2023, avec des pertes d’emplois notamment dans les services professionnels, la santé et l’éducation.
Ce rapport jette une ombre sur la publication cruciale du rapport sur l’emploi non agricole (NFP) prévue vendredi, pour laquelle le consensus anticipe 130 000 créations de postes, contre 228 000 le mois précédent. Dans un contexte marqué par l’incertitude sur les tarifs douaniers, la prudence des employeurs commence à se faire sentir.
PIB américain : contraction surprise au T1
La statistique la plus marquante du jour reste sans doute celle du PIB américain, qui a reculé de 0,3% en rythme annualisé au premier trimestre, alors que le consensus attendait encore une modeste croissance de 0,3%. Ce recul marque un coup d’arrêt brutal après la progression de 2,4% au T4 2024.
Les économistes pointent notamment une explosion des importations (liée à une volonté d’anticiper les effets des hausses tarifaires), qui a creusé le déficit commercial. Par ailleurs, l’inflation continue de surprendre à la hausse, avec un indice PCE à 3,6% et un Core PCE à 3,5%, dépassant largement les attentes.
Réaction des marchés : prudence généralisée
Les marchés boursiers réagissent à ces données en affichant une tendance globalement négative :
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CAC 40 : -0,03%
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DAX : -0,3%
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Futures Dow Jones : -0,4%
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Futures S&P 500 : -0,9%
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Futures Nasdaq 100 : -1,3%
Les investisseurs semblent digérer difficilement la combinaison d’un ralentissement économique aux États-Unis et d’une inflation toujours élevée, qui complique la tâche de la Fed. En Europe, le ralentissement de l’inflation allemande ouvre la voie à un rebond d’optimisme monétaire, mais les marchés restent prudents à l’approche des publications clés de vendredi (inflation de la zone euro et emploi US).
Les chiffres du jour confirment un essoufflement économique marqué aux États-Unis, doublé de tensions inflationnistes persistantes. En zone euro, le reflux de l’inflation alimente les espoirs de soutien monétaire. Les marchés restent fébriles, entre espoirs de baisse des taux et craintes d’un ralentissement mondial.
L’attention des investisseurs se tourne désormais vers la prochaine publication clé de la journée : l’indice PCE d’inflation aux États-Unis à 16h (heure de Paris). Cet indicateur, suivi de près par la Réserve fédérale, permettra de mieux cerner les tensions inflationnistes sous-jacentes après un premier trimestre marqué par une hausse des prix plus forte que prévu. Une surprise à la hausse renforcerait les doutes sur un assouplissement monétaire rapide de la Fed, tandis qu’un chiffre plus modéré pourrait tempérer les inquiétudes après le choc du PIB.