La banque centrale américaine va annoncer mercredi qu'elle va commencer à doucement éponger l'océan de liquidités qui lui a permis de sauver l'économie américaine de l'effondrement en 2008.
Un exercice attendu pour la présidente, Janet Yellen, au cours de l'avant dernière conférence de presse de son mandat, qui a déjà préparé le terrain pour ne pas effrayer les marchés.
En revanche, la Fed devrait laisser les taux d'intérêt inchangés à l'issue de sa réunion monétaire de deux jours après les avoir relevés d'un quart de point en juin à entre 1% et 1,25%.
Raison de plus pour décortiquer les déclarations de Mme Yellen à la recherche d'un indice sur la date du prochain resserrement de la politique monétaire.
"Je crois que les membres du Comité monétaire penchent toujours pour une hausse des taux en décembre car ils sont suffisamment nombreux à penser que la faible inflation n'est que temporaire" a affirmé à l'AFP Tim Duy, un professeur d'économie à l'Université d'Oregon, spécialiste de la Fed.
Satyam Panday, économiste chevronné pour Standard and Poor's Global, pense lui que la Fed va rester en mode "pause" jusqu'à la fin de l'année.
Le Comité monétaire (FOMC) publiera un communiqué mercredi à 18H00 GMT ainsi que de nouvelles prévisions économiques tandis que la présidente Janet Yellen, dont le mandat à la tête de la puissante banque centrale expire le 3 février, entamera une conférence de presse à 18H30.
- Détricotage en douceur -
L'événement pour les marchés sera surtout l'annonce attendue du lent détricotage de la politique d'assouplissement quantitatif (QE) que la Fed avait lancé après la crise financière de 2008 en injectant massivement des liquidités dans le système financier pour soutenir la reprise.
La Fed va lentement réduire ses actifs à son bilan: ceux-ci ont grimpé à la somme inouïe de 4.500 milliards de dollars par des achats de bons du Trésor et de titres appuyés sur des créances hypothécaires.
Le long processus qui consiste à cesser de réinvestir dans les titres qui arrivent à maturité devrait dans un premier temps se régler au rythme minime de 10 milliards de dollars par mois et commencer en octobre, estime Satyam Panday.
A l'inverse de ce qu'il s'était passé en 2013 lorsque l'ancien patron de la Fed Ben Bernanke avait fait vaciller les marchés en annonçant au débotté une réduction des achats d'actifs, les places financières "ont largement anticipé" la réduction du bilan de la banque centrale expliqué dans le détail par la Fed en juin, avance Tim Duy. Comme l'avait affirmé Mme Yellen, le processus se veut aussi inoffensif que "de regarder l'herbe pousser".
- Ouragans: impact passager -
L'impact des ouragans qui ont frappé le Texas et la Floride ne devrait guère peser sur les prévisions économiques du FOMC, estiment les experts. "Ils attacheront peu d'importance à leur impact car ils savent que c'est passager", affirme Marc Zandi, économiste en chef pour Moody's Analytics.
"Cela va probablement ôter quelques points de base au Produit intérieur brut dans un premier temps, mais l'ironie est que, bien que ce soient des catastrophes naturelles, les gens doivent reconstruire et... c'est bon pour la croissance", a noté Satyam Panday de SP.
Au cours de la conférence de presse, la patronne de la Fed, 71 ans, aura du mal à éviter les questions sur son avenir. "Je n'y ai pas encore réfléchi", a-t-elle répété jusqu'ici. Mais le président Trump, dont c'est la prérogative de désigner le chef de la banque centrale, examine de nombreux candidats pour une nouvelle prise de poste en février.
Certes, l'ex-magnat de l'immobilier, qui "apprécie les taux bas", ne cesse de dire qu'il "aime bien Yellen" mais laisse aussi flotter plusieurs noms d'économistes républicains. "Plein de gens très bien", dit son ministre des Finances, Steven Mnuchin.
Son économiste en chef Gary Cohn, un temps favori, semble hors piste après avoir critiqué l'attitude de la Maison blanche sur les violences racistes intervenues à Charlottesville (Virginie, sud) cet été.