PARIS (Reuters) - Casino, étranglé par sa dette avant sa reprise par Daniel Kretinsky, a dévoilé mercredi un plan de restructuration prévoyant la suppression de 1.293 à 3.267 postes avec l'objectif de renouer avec la croissance en se concentrant sur le commerce de proximité.
Réagissant à cette annonce, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a appelé le groupe à tout faire pour permettre un reclassement des salariés concernés.
"J'ai déjà eu l'occasion de le dire aux représentants du groupe: vous devez faire le maximum pour reclasser les salariés, leur assurer une poursuite de carrière dans les meilleures conditions possibles", a-t-il dit sur BFM Business.
Le projet de réorganisation prévoit 1.293 suppressions nettes de postes au sein des fonctions "siège" du groupe, dont 554 à Saint-Étienne, et "à défaut de trouver des repreneurs, la fermeture de magasins hypermarchés et supermarchés et de certaines plateformes logistiques, soit la suppression de 1.974 postes au maximum", a déclaré le distributeur, repris en main le mois dernier par l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky après avoir frôlé la cessation de paiement.
Le siège historique du groupe à Saint-Etienne conserverait ainsi 1.010 postes sur 1.564 actuels, a ajouté Casino dans un communiqué.
"Les deux-tiers des emplois du siège de Saint-Etienne vont être sauvés, c'était pour nous un point absolument décisif", a déclaré Bruno Le Maire.
Le plan de sauvegarde de l'emploi sera présenté aux CSE le 6 mai.
RECUL DU CA AU T1
Le plan de réorganisation prévoit également d'investir 1,2 milliard d'euros à horizon 2028 afin de moderniser les points de vente.
Casino a conclu avec Intermarché et Auchan des accords en vue de mettre en place des centrales d'achat permettant "de pérenniser et de développer des partenariats avec le monde agricole et les acteurs industriels français sur (dix ans)".
Le titre Casino a terminé la séance inchangé à la Bourse de Paris, après avoir gagné près de 5% à l'ouverture.
Casino, qui a fait état en février d'une perte nette de 5,66 milliards d'euros en 2023, a aussi annoncé après la clôture de la Bourse une baisse de 3,8% de son chiffre d'affaires au premier trimestre, à 2,1 milliards d'euros en données comparables.
Les ventes des enseignes de proximité (Monoprix, Franprix, Casino), au coeur du projet de redressement, ont été globalement stables à 1,8 milliard.
Signe que le retour à la rentabilité pourrait être long, l'EBITDA ajusté après loyers a basculé dans le rouge au premier trimestre à -9,6 millions d'euros et le flux de trésorerie disponible a une nouvelle fois été négatif, de 327 millions d'euros.
La dette nette a en revanche été ramenée à 1,6 milliard, contre 6,2 milliards fin 2023, à la suite de la reprise du groupe.
(Rédigé par Dimitri Rhodes, Jean-Stéphane Brosse, Tangi Salaun et Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)