Investing.com - Les valeurs de luxe européennes traversent une zone de turbulences, alors que la demande américaine, jusque-là solide, montre des signes d’essoufflement. Cette évolution inquiète les analystes d’UBS, qui conseillent aux investisseurs de faire preuve de sélectivité. Bien que la demande aux États-Unis ait surpris positivement au quatrième trimestre, les craintes entourant le comportement des consommateurs américains planent désormais sur les perspectives du secteur.
Une demande américaine en question
Les inquiétudes liées à la consommation américaine pourraient entraîner un recul des ventes, des bénéfices et donc des valorisations. Les analystes, menés par Zuzanna Pusz, soulignent :
« Nous étions déjà plus prudents à l’approche de 2025, en raison d’une certaine fatigue de la demande propre au secteur. Désormais, même l’amélioration de la demande américaine semble moins certaine, du fait des inquiétudes croissantes concernant le consommateur américain. »
Selon UBS, les marques exposées de manière significative au marché américain sont les plus vulnérables. EssilorLuxottica SA (EPA:ESLX), l’une des principales multinationales françaises du luxe (optique et lunettes), affiche par exemple près de 46 % de ses ventes liées aux consommateurs américains. D’autres grands noms comme Brunello Cucinelli (37 %), Salvatore Ferragamo (30 %), Ferrari, Kering , Ermenegildo Zegna, Richemont , Burberry , LVMH, Prada, Hugo Boss (ETR:BOSSn) et Hermès International sont également évoqués.
Focus sur les acteurs français
Parmi ces entreprises, plusieurs fleurons français se distinguent :
- LVMH (EPA:LVMH) : Le leader mondial du luxe, dont la performance exceptionnelle au fil des trimestres repose en partie sur sa clientèle américaine, est particulièrement attentif à toute variation de la demande aux États-Unis.
- Kering (EPA:PRTP) : La maison mère de Gucci et de Saint Laurent connaît elle aussi une forte exposition internationale, et le marché américain joue un rôle majeur dans sa stratégie de croissance.
- Hermès International (EPA:HRMS) : Symbole de l’artisanat de luxe français, la marque est moins cyclique que certaines de ses concurrentes, mais reste sensible au fléchissement d’une clientèle haut de gamme en Amérique.
- EssilorLuxottica (EPA:ESLX) : Bien que davantage axé sur l’optique et la lunetterie, ce géant résulte de la fusion entre la française Essilor et l’italienne Luxottica. Il dépend fortement du consommateur américain, un point à surveiller de près.
Ces groupes, piliers du CAC 40 ou cotés sur Euronext, pourraient faire face à un ralentissement de la croissance de leurs ventes si la conjoncture américaine venait à se détériorer plus nettement.
Les gagnants de la récente hausse de la demande américaine
UBS souligne également que, ces derniers trimestres, la bonne santé du marché américain a surtout profité à certaines marques – et pas uniquement françaises – qui ont vu leurs ventes au détail progresser en Amérique. Parmi elles :
- Burberry (LON:BRBY)
- Salvatore Ferragamo (BIT:SFER)
- Richemont (SIX:CFR)
- Ferrari (NYSE:RACE)
- Moncler (BIT:MONC)
- Hermès (EPA:HRMS)
- LVMH (EPA:LVMH)
Prévisions pour 2025 et risques de révision à la baisse
UBS table sur une croissance organique des ventes de l’ordre de +4 % (hors Hermès) dans le luxe pour 2025, avec un rebond plutôt concentré sur la seconde moitié de l’année, soutenu par la demande américaine. Toutefois, si les consommateurs américains se montrent plus frileux, la croissance du secteur du luxe pourrait être compromise. Les analystes avertissent :
« Si la demande américaine de produits de luxe commence à ralentir significativement, les risques de baisse de la croissance des ventes et des bénéfices deviennent réels, à moins qu’un autre marché ne prenne le relais. »
Valorisations et pression sur le secteur
La valorisation relative du secteur par rapport au marché a baissé d’environ 20 points de pourcentage. Les valeurs du luxe se négocient actuellement à environ 58 % au-dessus du MSCI Europe, un niveau plus modéré qu’auparavant.
Même si la demande n’est pas directement stimulée par les mesures budgétaires en Europe (principalement axées sur la défense), la hausse de l’euro et les risques de révision à la baisse des bénéfices américains pourraient peser davantage sur les cours des actions de luxe.
Conclusion
Alors que les consommateurs américains commencent à faire preuve de prudence, les grands acteurs européens du luxe, et notamment les entreprises françaises comme LVMH, Kering, Hermès ou encore EssilorLuxottica, doivent surveiller de près leurs performances outre-Atlantique. Dans un secteur où le marché américain joue un rôle crucial, toute inflexion de la demande peut influencer les résultats financiers et les valorisations. Les investisseurs sont donc invités à aborder le secteur avec discernement, en restant attentifs aux prévisions et aux éventuelles révisions à la baisse des estimations de ventes et de bénéfices.