La zone euro se prononce vendredi à Dublin sur les modalités du plan d'aide à Chypre, qui va devoir faire des efforts plus importants que prévu, et juger si le Portugal apporte des garanties suffisantes pour obtenir un peu de souplesse de ses créanciers.
"Si tout se passe bien, nous aurons un accord (sur Chypre), tout semble en place", a déclaré le chef de file des ministres des finances des 17, Jeroen Dijsselbloem, à son arrivée à Dublin.
Réunis depuis 07h30 GMT, les ministres examinent les mesures que doit mettre en oeuvre Nicosie pour bénéficier d'une aide de 10 milliards d'euros et recevoir un premier versement début mai, notamment pour payer les salaires des fonctionnaires.
Cette étape devait être une formalité puisque les grandes lignes du plan étaient sur la table après de laborieuses négociations entre Chypre et ses bailleurs de fonds en mars. Mais la situation économique du pays s'est nettement dégradée depuis. "Les besoins financiers de Chypre ont évolué dans un contexte de récession plus profonde que prévu", confirme une source proche des négociations.
Chypre, qui sera représentée à Dublin par son nouveau ministre des Finances Haris Georgiades, devra au final trouver 13 milliards d'euros, soit six milliards de plus que prévu initialement. "Chypre va sans aucun doute connaître des temps difficiles, mais l'ensemble de son plan d'aide est suffisamment solide", a estimé M. Dijsselbloem.
L'essentiel des 13 milliards proviendra de la restructuration du secteur bancaire, qui comprend une ponction sur les créanciers, y compris les déposants au dessus de 100.000 euros. Cette mesure inédite rapportera 10,6 milliards d'euros au lieu des 5,8 milliards annoncés au départ. Elle a suscité la polémique car c'est la première fois que certains déposants sont mis à contribution dans le cadre d'un plan de sauvetage de la zone euro.
Les autorités chypriotes doivent aussi mettre en oeuvre des privatisations pour au moins un milliard d'euros et refinancer une dette précédente pour le même montant. Il est également prévu des augmentations d'impôts pour 600 millions d'euros et la vente de réserves d'or excédentaires pour 400 millions.
Ce paquet de mesures doit obtenir le feu vert de la zone euro, avant d'être soumis à plusieurs Parlements nationaux, dont le Bundestag allemand. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble s'est montré optimiste. "Je pense que nous aurons un résultat (...) qui sera approuvé par le Parlement", a-t-il affirmé.
Outre le dossier chypriote, les ministres des Finances vont se pencher sur le cas du Portugal, dans la tourmente depuis que la Cour constitutionnelle a invalidé plusieurs mesures d'austérité inscrites au budget 2013. Cette décision prive le gouvernement d'économies évaluées à 1,3 milliard d'euros, et compromet son engagement de ramener le déficit à 5,5% d'ici fin 2013. Lisbonne n'a d'autre choix que de trouver de nouvelles mesures pour respecter ses engagements.
Cette situation complique la donne pour les Européens qui sont disposés à allonger la durée des prêts accordés au Portugal, ainsi qu'à l'Irlande, afin de favoriser leur retour sur les marchés. Il est "essentiel de trouver un accord sur un allongement des prêts accordés à l'Irlande et au Portugal", a estimé vendredi le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn.
Les bailleurs de fonds envisagent un allongement de sept ans des prêts accordés aux deux pays, qui avaient demandé au départ une extension de 15 ans, selon un document de travail.
Le gouvernement portugais a promis de donner vendredi des "garanties" à ses partenaires européens sur le respect de ses engagements budgétaires. "La confiance de nos partenaires en dépend", avait reconnu jeudi le porte-parole du gouvernement.
En marge de l'Eurogroupe, le nouveau ministre des Finances slovène, Uros Cufer, doit rencontrer des hauts fonctionnaires de la Commission et de la Banque centrale européenne pour évoquer la situation de son pays, miné par un secteur bancaire en pleine déroute. Pour de nombreux observateurs, le pays pourrait avoir besoin lui aussi d'une aide financière. La Slovénie n'est pas officiellement à l'agenda des ministres de la zone euro, qui seront rejoints dans l'après-midi par leurs homologues des 10 autres pays de l'UE pour parler de l'évasion fiscale et de l'union bancaire.