par Emmanuel Jarry
LE BOURGET, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Une nouvelle nuit de négociations à la conférence sur le climat de Paris a permis suffisamment d'avancées pour qu'une mouture améliorée du projet d'accord puisse être présenté jeudi l'après-midi mais ce ne sera sans doute pas encore le texte définitif.
Selon des sources proches des discussions, le financement de l'aide aux pays en développement, la date de première révision des engagements de réduction des émission de gaz à effet de serre (GES) et la compensation des dommages irréversibles subis par les pays les plus exposés restent des points difficiles.
"Ça avance bien, on y a passé toute la nuit", a néanmoins dit le chef de la diplomatie française au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, qu'il recevait en début de matinée dans son bureau de la présidence de la COP21 au Bourget, près de Paris.
"Nous essayons maintenant de passer à l'accord final", a ajouté Laurent Fabius. "Cet après-midi je proposerai un nouveau texte qui tient compte de tout ce qui m'a été dit."
Selon son entourage, il a présidé jusqu'à 4h50 une réunion des chefs de délégations sur les principaux points de blocage et brièvement dormi sur place avant de reprendre ses consultations pendant la rédaction de la nouvelle mouture.
"Les négociateurs sont cramés et ont repris le flambeau ce matin. Ce n'est pas gagné", commentait en début de matinée une source proche de la présidence française de la COP21.
Laurent Fabius avait annoncé mardi vouloir faire adopter un accord sur la lutte contre le réchauffement climatique vendredi en fin d'après-midi.
PASSAGE OBLIGÉ
Mais les débats de mercredi soir en séance plénière de l'instance de consultation mise en place en début de semaine ont souvent donné l'impression que la COP21 renouait avec les vieux démons des conférences sur le climat improductives.
Pendant plus de trois heures et demie, une cinquantaine d'orateurs sur 196 délégations se sont succédé pour critiquer le projet de texte présenté dans l'après-midi et réaffirmer leurs lignes rouges, quitte à faire ressurgir l'opposition traditionnelle entre pays riches et en développement.
"En dehors du groupe Umbrella (Japon, Australie, Canada, notamment), la plupart de ces lignes rouges allaient plutôt dans le sens d'un accord ambitieux", nuance cependant Matthieu Orphelin, un proche de l'envoyé spécial du président François Hollande pour les questions climatiques, Nicolas Hulot.
Dans l'entourage de Laurent Fabius, on veut également voir dans les débats de mercredi soir un passage obligé de toute négociation de ce niveau. "Il y a toujours le risque que les gens accumulent les frustrations et donc il faut prendre le temps d'écouter tout le monde", explique-t-on de même source.
L'ancien président du Timor Oriental, Jose Ramos Horta, prix Nobel de la Paix 1996, qui défend notamment l'introduction d'un mécanisme de compensation des pertes et préjudices dans le futur accord, a pour sa part estimé qu'aucun pays ne pouvait espérer obtenir tout ce qu'il voulait lors de ces négociations.
"Un traité n'est pas Bible. Nous pouvons le réviser", a-t-il déclaré à Reuters.
(Avec Alister Doyle et Yonathan Van der Voort, édité par Yves Clarisse)